Jour 10 : Salta – Purmamarca
Nous commençons notre grande journée en gagnant la gare de Salta, lieu de départ du train des nuages, l’un des trains les plus hauts du monde construit dans les années 1920 pour relier l’Argentine au Chili en traversant la cordillère et qui actuellement n’a plus qu’une vocation touristique puisqu’il relie seulement Salta au viaduc de la Polvorilla à 4220 m d’altitude.
On ne prend pas le train, mais la route qui le suit. En fait de route, c’est une piste souvent en mauvais état (car elle s’est effondrée l’été dernier) qui passe à flanc de montagne ou parfois presque dans le lit de la rivière.
Traversée de la jolie Quebrada del Toro.
Arrêt au village de Santa Rosa de Tastil (3200 mètres). Minuscule village avec quelques habitations et un petit musée du train dans une maison décorée de peintures traditionnelles des indiens du coin. Il y a également un site pré-inca dans lequel il ne reste que quelques soubassements de maisons, mais qui a l’avantage d’offrir une vue magnifique sur la vallée.
Au delà de Santa Rosa de Tastil, la route continue à monter et à part quelques lamas en promenade et quelques rares camions d’exploitation minière, nous ne rencontrons âme qui vive.
Nous poursuivons jusqu’au village de San Antonio de los Cobres (3775m), un village vraiment paumé, sans un brin de végétation, battu par les vents et grillé par le soleil avec des maisons basses et des rues poussiéreuses. La population travaille dans des mines de borate à proximité du village, et il faut reconnaître que pour y habiter à l’année, l’endroit est plutôt flippant. Nous mangeons dans un petit restaurant, genre cantine locale, qui accueille tous les guides et voyageurs de passage. Pour 50 pesos par personne, nous prenons un repas complet avec un empaňada à la viande, puis un énorme morceau de viande de boeuf cuit dans un four en adobe avec au choix salade ou papas. La viande est succulente, tendre et goûteuse avec tout son jus (ce sera pour moi la meilleure du voyage). Le morceau frise les 500 g mais c’est tellement bon que j’arrive au bout. Par contre, contrairement à Patrice, je suis incapable de manger le dessert, une sorte de pudding local.
Nous mettons ensuite le cap sur Salinas Grandes, le plus grand salar d’Argentine (3000m d’altitude). Nous ne croisons personne à l’exception de quelques troupeaux de lamas et de quelques carcasses de voitures accidentées. La piste est méchamment cartonnée et notre chauffeur roule très vite (plus de 100 kms/h). Parfois nous décollons à l’arrière quand il prend une bosse. Nous essayons de rester stoïques en mâchouillant nos feuilles de coca. Notre chauffeur, lui, carbure aux feuilles de coca qu’il mâche sans interruption depuis notre départ ce matin. Il en remet dans sa bouche de façon quasiment permanente, en piochant dans le paquet de feuilles calé contre son levier de vitesse. Contents d’arriver entiers au salar. C’est une étendue blanche éclatante, creusée de petits rectangles remplis d’une eau bleue dans laquelle le sel cristallise.
Sur le sol en sel se dessinent d’énormes alvéoles ressemblant à celles des nids d’abeille. La lumière est éblouissante, impossible d’enlever les lunettes de soleil.
Achat de jolies pierres sculptées de dessins naïfs réalisés par les ouvriers des salines.
Peu à peu la route s’élève et bientôt on domine le salar de loin.
Après le salar nous partons à l’ascension du col de Lipan à 4170 m. Au sommet les quelques vigognes qui sont en train de brouter se laissent approcher pour la photo. Paysage époustouflant de l’autre côté. On domine la vallée, plissée comme un gigantesque papier que l’on aurait froissé. La végétation est rase et une route en lacets particulièrement accidentée dessine un ruban d’asphalte sur les flancs de la montagne.
Descente jusqu’au village de Purmamarca, 2000m plus bas. On a toujours cette curieuse impression qu’un géant s’est amusé à fripper la roche. Les montagnes se parent de couleurs vives, des rouges, des jaunes, des mauves, des verts.
Le village est adossé à la fameuse montagne aux sept couleurs.
Installation à l’hôtel Los Colorados qui porte bien son nom car les bungalows ont la même couleur ocre que les montagnes.
Nous prenons nos quartiers dans une « cabaňa » avec un petit salon, un coin cuisine, une chambre et une salle-de-bains. C’est mignon comme tout. On se croirait dans un village marocco-mexicain.
Après avoir quitté guide et chauffeur, nous partons à pieds faire la promenade autour de la montagne. Très joli. Palette de couleurs magnifiques et étonnantes: rose, blanc, rouge, vert, orange, jaune, mauve.
Nous redescendons par le cimetière et le village de Purmamarca, assez mignon avec sa placette carrée et sa jolie église toute blanche en adobe. Je profite du petit marché artisanal pour acheter un pull.
Retour à l’hôtel pour se reposer un peu puis, à la nuit nous allons manger dans un restaurant recommandé par le routard: Terra de colores. Bon repas simple pour 200 pesos à deux avec une bouteille de vin blanc, des empanadas et tamalès en entrée, du mouton pour Patrice et du poulet pour moi. Un flan maison avec dulche de leche (confiture de lait) en dessert. En plus, nous avons de la musique live délivrée par un guitariste qui discute beaucoup et chante des chansons locales. Il parle de Jujuy (prononcer rourouille) et d’histoires qui se passent dans le coin. Plutôt sympathique, même si on ne comprend pas grand chose. Magnifique ciel étoilé sur le chemin de retour à l’hôtel.
Nuit à l’hôtel Los Colorados