Jour 3 – VENISE : Palais des Doges, Arsenal, Cannaregio
Ce matin nous prenons notre temps et nous nous rendons directement au Palais des Doges (entrée réservée pour 10h). Ici, en plus du masque obligatoire et du gel hydro-alcoolique, nous avons droit à la prise de température à l’entrée et à la mise de nos affaires dans des sacs plastiques avant leur dépôt obligatoire à la consigne.
On entre par la très belle cour intérieure du palais, on remarque rapidement la célèbre Bocca di Leone destinée à faire passer les doléances anonymes et les dénonciations aux inquisiteurs de la Sérénissime. L’accès aux salles institutionnelles se fait par le superbe escalier d’or (Scala d’Oro).
La visite donne accès à un certain nombre de salles d’apparat et salles du conseil des doges, très richement décorées avec des dorures et des peintures de maîtres italiens, en particulier Tintoret et Véronèse. Très belle représentation de la bataille de Lépante de Vicentino.
Les intérieurs sont majestueux mais j’avoue avoir un faible pour les extérieurs et l’impressionnant ensemble de statues qui les décore.
Le circuit imposé nous emmène dans l’armurerie puis nous traversons le pont des soupirs pour gagner les nouvelles prisons, une succession de cachots la plupart sans lumière. Ces nouvelles prisons étaient néanmoins beaucoup moins insalubres que les prisons des Plombs, situées dans les combles du palais ou que les anciennes prisons installées sous le palais.
Retour sur la place. La basilique a été nettoyée depuis notre dernière visite. La façade est superbe et resplendit de toutes ses mosaïques. L’intérieur est par contre en cours de restauration et nous renonçons à faire la queue pour y entrer puisque l’accès est limité au balcon donnant sur la place. La plus ancienne (vers 1260) des mosaïques de la façade (et la seule qui soit d’origine) représente le transfert du corps de Saint Marc dans l’église. Le corps aurait été rapporté d’Alexandrie en 828 par deux marchands et caché sous un chargement de viande de porc pour éviter tout contrôle de la part des musulmans.
Sur la façade du Palais des doges donnant sur la piazzetta, on remarque deux colonnes roses alors que les autres sont blanches. C’est là que se tenait le doge lors des cérémonies et des exécutions capitales qui avaient lieu entre les deux colonnes qui s’élèvent côté mer, la colonne de Théodore (premier patron de la ville) et la colonne de Marc avec le célèbre lion ailé.
Pizzeria 1000 gourmet dans une petite rue derrière la place : très agréable pause déjeuner avec une pizza et cheese-cake aux fruits rouges et à la pistache pour Patrice et une copieuse salade pour moi. Pour échapper un peu à la chaleur humide, nous allons nous mettre au frais dans l’appartement (merci la clim) et ressortons vers 16 heures. Passage par le guichet du vaporetto de San Marco pour faire re-magnétiser la carte de Patrice (attention de ne pas la laisser avec le téléphone) avant de nous diriger vers l’Arsenal dans le sestiere du Castello.
A la fin de la République (1797), des tailleurs de pierre furent chargés de supprimer les armoiries ornant les maisons et tous les lions représentant la Sérénissime. Il en reste quand même heureusement quelques-uns et même plusieurs devant l’Arsenal.
Un de ces lions a été rapporté d’Athènes par le doge Morosini en 1687 (photo de droite). C’est le célèbre lion qui montait la garde à l’entrée du port du Pirée. On peut encore voir sur ses flancs des inscriptions runiques (très effacées) gravées au 11e siècle sur l’ordre du futur roi de Norvège qui appartenait à un corps d’élite de l’armée byzantine et qui, à ce titre était venu à Athènes réprimer une insurrection.
Nous parcourons ce joli quartier le guide « Venise insolite » à la main à la recherche de mesures anciennes, de traces de légendes ou de visions religieuses. Sur la Fondamenta des Penini, on trouve encore, par exemple, des traces des anciennes maisons des artisans de l’Arsenal, avec des inscriptions indiquant leur profession (maître maçon ou calfateur par exemple).
Sur le sol devant le sotoportego (passage couvert) de la Corte Nova, on peut voir une dalle rouge et sur le mur une inscription remerciant la vierge pour avoir protégé le quartier contre la peste en 1630 après qu’une jeune fille habitant le quartier lui en ait fait la prière. On trouve également en plusieurs endroits l’emblème des franciscains portant le nom de « Conformités » : sur une croix, deux bras qui s’entrecroisent, celui du Christ (nu) et celui de François (habillé), tous deux stigmatisés
Nous continuons par le quartier de Cannaregio.
Vers 19h nous nous installons sur le Campo dei Santi Giovanni e Paolo pour déguster un Spritz. C’est une très jolie place en L avec deux imposants bâtiments : la Scuola Grande di San Marco (actuel hôpital) qui possède une magnifique façade et l’église Saint Giovanni et Paolo, plus austère avec un portail en marbre sur une façade de briques où se célébraient les funérailles des doges.
On ne peut pas rater non plus la statue équestre de Bartolomeo Colleoni (Andrea Verrochio, 1488). Cet aventurier et mercenaire mort en 1475 a légué une partie de sa fortune à Venise à condition qu’une statue de lui à cheval soit érigée devant St Marc. La statue a bien été installée, mais devant la Scuola San Marco et pas devant la basilique comme l’aurait souhaité Colleoni.
Dîner dans un petit restaurant situé dans une minuscule calle à quelques pas de la place : l’Antica Osteria Ardenghi. Nous commençons par une assiette de cicchetti puis seiche à l’encre avec de la polenta pour Patrice et mélange de poissons pour moi. L’ensemble est bon, même si le poisson est un peu trop cuit, et l’endroit est très sympathique. Jolie promenade nocturne en rentrant chez nous.