Le temps est assez maussade ce matin. Les icebergs sont dans la brume, il fait 0°C et il y a un peu de vent. Quelques orques s’approchent du bateau et nous apercevons à plusieurs reprises leurs ailerons fendre les vagues.

Nous arrivons à proximité de Detaille island au moment du petit déjeuner. L’équipe d’expédition part en premier pour préparer la descente à terre (création d’un passage dans la glace pour pouvoir accoster et balisage du chemin sur l’île). A 8h30 nous sommes à bord d’un premier zodiac qui nous emmène faire le tour de l’île. Observation de manchots Adélie et de quelques otaries à fourrure. Beaux icebergs.

Nous débarquons ensuite pour une promenade sur l’île. Belle vue depuis le sommet sur la mer chargée d’icebergs et sur trois baleines à bosse en promenade.

Visite de la base W qui n’a été opérationnelle que pendant trois ans. Au cours de l’été 1958, les dix hommes qui travaillaient ici pour le compte des autorités britanniques des Falkland, ont dû quitter précipitamment les lieux car ils n’ont pu être ravitaillés. La glace qui encerclait leur île était trop étendue pour permettre l’accostage d’un bateau (et même de deux brise-glace américains qui ont tenté en vain une approche). Ils ont donc pris leurs chiens et quelques affaires et ont marché 30 miles avant de pouvoir embarquer sur un bateau. Un des chiens du groupe, du nom de Steve, s’est échappé au moment de l’embarquement et est reparti en direction de la base. A regret les hommes ont dû l’abandonner mais ils ont eu la bonne surprise de le voir arriver trois mois plus tard dans la base de Horseshoe. Il avait parcouru seul les 60 miles séparant les deux bases à travers la mer de glace et les glaciers !

Le baraquement en bois est resté en l’état. La rouille recouvre les boîtes de conserve, mais autrement on a presque l’impression que l’endroit est toujours habité. C’est étonnant quand on pense qu’il a été abandonné il y a 65 ans.

Poursuite de la promenade en zodiac avec un autre membre de l’équipage. Cette fois les conditions météo se dégradent sévèrement. Il se met à neiger fort et les gros flocons nous frappent le peu de peau qui est à l’extérieur et nous recouvrent les lunettes.  

Nous voyons quand même de magnifiques icebergs creusés d’arches et de trous divers, en forme de tour, de château, de champignon… La mer se creuse et nous revenons au bateau, secoués comme des pruniers et trempés car nous prenons des paquets d’eau dans la figure à chaque passage de vague. Les gants (non imperméables) sont des sacs d’eau et nous ne sentons plus nos doigts crispés sur la corde du zodiac.

Déjeuner bienvenu une fois que nous avons mis toutes nos affaires à sécher. La sortie prévue l’après-midi est annulée à cause de la météo et nous repassons le cercle polaire antarctique vers 16h. Le capitaine redonne un coup de sirène pour l’annoncer. Nous prenons un verre avant le dîner en écoutant le débrief de la journée puis repas avec nos quatre compatriotes. La salle à manger étant très sonore et peu adaptée à la discussion, nous continuons la conversation dans le salon (beaucoup plus calme) avant d’aller nous coucher.

 Nuit sur le Hondius