Jours 6 & 7 : PASSAGE DE DRAKE
Jour en mer. Passage de Drake J1. La nuit a été bonne. Nous sommes en pleine mer avec une couverture nuageuse assez basse, la température extérieure est de 10°C. Ce matin le bateau remue et il faut se tenir en marchant, mais rien de trop sérieux pour le moment. Sur le petit descriptif fourni par l’agence auprès de laquelle nous avons réservé le voyage, on peut lire : « Le célèbre passage de Drake s’étend sur 1 000 km entre le cap Horn et les îles Shetland du Sud. Le détroit porte le nom de Sir Francis Drake, qui a été emporté vers le sud depuis le détroit de Magellan en 1578. La mer houleuse et les conditions glaciales ont fait la réputation du cap Horn. Le passage de Drake est un test rigoureux pour les navires et leurs équipages, en particulier pour les voiliers de l’époque. Un marin qui avait “contourné le Horn” portait une boucle d’oreille en or à l’oreille gauche, et avait le droit de manger avec un pied sur la table ! Le courant circumpolaire de l’Antarctique coule d’Ouest en Est à travers le passage, avec un débit estimé entre 95 et 150 millions de m3 par seconde. Pour atteindre la péninsule Antarctique, il est nécessaire de traverser cette étendue d’eau perpendiculairement au courant. Cette situation, conjuguée à la propension aux vents violents dans la région, peut entraîner une mer agitée et des conditions souvent appelées “Drake Shake“. A l’inverse, le “Drake Lake” se rencontre lorsque le passage est calme ».
Information sur les sorties en zodiac et les consignes de sécurité ou comment ne pas tomber à l’eau en dix leçons. On nous explique également comment se comporter à terre : ne pas s’approcher des animaux à moins de 5 mètres, ne rien poser au sol, ne pas s’assoir ni mettre un genou à terre. La grippe aviaire a atteint les Falkland et la Géorgie du Sud et a déjà fait des ravages dans l’avifaune et chez les mammifères marins. L’accès à un certain nombre de sites est fermé mais Pippa nous explique qu’il y a encore de nombreux endroits où l’on peut débarquer en respectant strictement les consignes sanitaires.
Mal de mer : une fois mon petit déjeuner vomi, je vais rester vaseuse toute la journée. Impossible de lire, ce qui est assez embêtant car il n’y a pas grand-chose d’autre à faire ! Présentation des oiseaux que nous aurons peut-être l’occasion de voir lors de la traversée du passage de Drake : notamment plusieurs espèces d’albatros dont les plus grands atteignent 3,5 mètres d’envergure, mais également des pétrels géants et des prions. Malheureusement aujourd’hui il y a très peu d’oiseaux car il n’y a pas assez de vent et ces énormes volatiles ont besoin de vent pour voler. Les présentations s’enchaînent (baleines, dauphins, courants marins et débriefing de la journée) jusqu’au repas du soir. Coucher de soleil assez joli mais la température a considérablement fraîchi.
Passage de Drake J2. Réveil vers 4h du matin. Il fait assez beau ce matin et 2°C au thermomètre. Le vent est moins marqué que hier mais il y a une bonne houle. La mer est belle. Observation de quelques rares animaux : baleines à bosse au loin, quelques palmes d’otaries et de rares oiseaux. Présentation sur les phoques dans la matinée, les vrais phoques qui se traînent sur terre (Éléphant de mer, léopard des mers, phoque de Weddel et phoque crabier) et les autres pinnipèdes improprement appelés « phoques » qui ont des petites oreilles visibles et qui se servent de leurs palmes pour marcher, à savoir les otaries à fourrure et les lions de mer. La plupart de ces espèces mangent du krill et leurs dents sont tout à fait adaptées à ce régime particulier (voir photo des dents du phoque crabier).
Le roulis est bien marqué et, assise dans la cabine face à la mer, plein Est, j’ai par moment la désagréable impression que le bateau va se coucher dans les vagues. Dans l’après-midi on nous distribue les bottes étanches que nous devrons systématiquement chausser lors de nos descentes du bateau, que ce soit pour les marches ou les promenades en zodiac. Ensuite nous procédons à une séance de nettoyage et de désinfection des dites bottes mais aussi de tous les vêtements que nous porterons lors de nos descentes du bateau. Il s’agit de traquer toute trace de boue, les petits cailloux, les graines ou brins de paille.
Le brouillard se lève et nous finissons l’après-midi dans une mélasse crasse. Présentation sur le continent antarctique (13.829.330 km2), le plus froid, le plus sec, le plus venté et le plus isolé des continents terrestres. Lors du débriefing de fin d’après-midi Pippa nous annonce un nouveau changement : un des passagers est malade et doit être évacué. Nous devons donc gagner les îles Shetland du Sud où il y a un aéroport et une possibilité d’évacuation. Elle nous garantit de faire au mieux pour que nous ne perdions pas trop de temps. Tout le monde est un peu dépité même si la santé du passager passe en premier. A 18h nous prenons une margarita au bar, histoire de se remonter le moral, en compagnie des deux autres français qui voyagent en solo : Jean-Pierre qui est un peu plus âgé que nous et Maryse qui a une dizaine d’années de moins et qui a laissé son petit mari à la maison. Repas du soir en compagnie d’un sympathique couple de danois (éleveurs de porc). Le monsieur est très volubile et n’arrête pas de nous servir du vin ! Bonne soirée
Nuit sur le Hondius