Jour 2 : SALVADOR DE BAHIA
Le réveil nous sort du sommeil à 6h du matin. Nous découvrons avec le jour les couleurs intérieures de l’hôtel, très franches mais harmonieuses (mélanges de bleus, de verts, de rouges).
Excellent petit déjeuner dans une grande salle dominant la place avec de nombreux produits faits maison : gâteaux aux pommes, beignets, bananes frites, yaourts, crêpes… Sur les conseils de la jeune femme qui s’occupe de la salle, je me fais griller du fromage que je saupoudre ensuite d’origan et arrose d’un peu de miel. C’est très bon. Patrice se régale avec les beignets fourrés. Nous sommes ensuite prêts pour notre première journée de découverte de Salvador.
Notre guide francophone d’origine portugaise, vient nous chercher à 9h et nous commençons par un tour de ville en voiture. Le quartier de Barra situé en front de mer possède trois forts coloniaux. Nous partons du Fort de Sao Diogo et nous longeons à pieds la plage de Barra jusqu’au fort de San Antonio de Barra qui est surmonté d’un phare et qui abrite un petit musée naval intéressant.
Notre guide profite de la visite du musée pour nous faire un petit historique de la ville et de l’état de Bahia qui a approximativement la taille de la France. Salvador, fondée par les Portugais en 1549, a été la première capitale du Brésil (jusqu’en 1763). Elle a également été, dès 1558, le premier marché d’esclaves du Nouveau Monde à destination des plantations de cannes à sucre. C’est une des villes où la communauté afro-brésilienne est la plus représentée.
L’influence africaine est très sensible à travers la cuisine locale, le candomblé et la capoeira, une danse acrobatique qui évoque une lutte rituelle. Le candomblé est un culte animiste originaire d’Afrique de l’ouest (Nigeria et Bénin). Chaque personne est protégée par une divinité ou orixa. Parmi les orixas les plus célébrés on trouve par exemple Oxala le père de tous ou Oxum déesse des eaux douces et de l’amour. Comme de nombreux orixas, ils sont associés à un saint ou une figure de la religion catholique (ce qui permettait aux esclaves de garder discrètement leurs croyances). En longeant le lac de Tororo, un grand lac artificiel au centre de la ville, on peut voir des statues géantes d’orixas.
Sur la route de Bonfim, arrêt dans un autre quartier avec de vieilles maisons coloniales et un petit port de pêche.
L’église de Bonfim (Nosso Senhor do Bonfim) qui date du 18ème siècle est un bon exemple du mélange catholicisme/animisme. Le Senhor do Bonfim aurait des pouvoirs de guérison miraculeux. L’église est décorée d’ex-voto de parties du corps malades et parallèlement, dans le culte candomblé, le Senhor do Bonfim est associé à Oxala, la principale divinité. L’église est donc particulièrement importante pour les deux cultes. Les grilles sont envahies de « fitas» (rubans colorés), des porte-bonheur que l’on accroche aux poignets en faisant des vœux.
Passage par le fort de Monserrate dont l’esplanade offre une jolie vue sur la baie et la plage.
Marché de Sao Joaquim. C’est un vrai marché avec des légumes, du poisson, des crevettes séchées, de l’huile de palme, du lait de coco, mais également des animaux vivants destinés à être sacrifiés aux orixas…
Le Mercado Modelo est une ancienne douane dans laquelle les esclaves étaient amenés à leur arrivée. Il a été transformé en marché d’artisanat pour touristes après un incendie. Nous déjeunons dans l’un des deux restaurants jumeaux qui occupent l’étage du bâtiment (partiellement en restauration). Nous goûtons une spécialité locale, la moqueca de poisson. Poissons et crevettes sont revenus dans l’huile de palme avec du citron, de l’origan et de l’ail. On rajoute ensuite des tomates, des poivrons, de la coriandre et du lait de coco pour faire une sauce assez liquide. On accompagne l’ensemble de riz, de farine de manioc et d’un mélange farine de manioc et jus du plat qui donne une sauce assez épaisse. L’ensemble est vraiment très bon (et pas cher : 35 euros pour trois avec les boissons).
Nous quittons ensuite la ville basse pour la ville haute via un ascenseur, l’Elevador Lacerda. Il est moins sympathique que les ascenseurs de Valparaiso mais plus efficace même si les bruits et les soubresauts qui accompagnent la montée de la cabine ne sont pas très rassurants.
Promenade dans le Pelourinho, centre historique inscrit depuis 1985 au patrimoine mondial de l’Unesco et partiellement restauré depuis 2008. La cathédrale est fermée à la visite (réquisitionnée pour un mariage qui doit avoir lieu demain) ce qui met notre guide en rogne, mais rien n’y fait, même avec de nombreuses palabres, impossible de pénétrer dans l’édifice ! Très joli quartier.
Les rues complètement rénovées sont maintenant occupées par des boutiques, des bâtiments officiels, des restaurants, des ateliers d’artiste ou encore des salles de rencontre ou de spectacle. Quelques jolies galeries (nous tâcherons de revenir flâner un peu demain). Les anciens habitants qui payaient un loyer ont été relogés, les squatters sont allés grossir les comunidade (équivalent des favelas de Rio). Les zones en cours de rénovation sont partiellement habitées et l’ambiance y est très différente, plus « vivante ».
Visite de plusieurs églises dont l’église de Sao Francisco (Saint François) construite au XVIIIe siècle toute en pierres taillées, qui a une jolie façade plateresque. A l’intérieur c’est une débauche de dorures devant lesquelles Saint François, qui prônait la pauvreté, a dû se retourner dans sa tombe ! Parmi les nombreuses sculptures on remarque un peu partout des figures de proue dépoitraillées ce qui est assez inattendu dans une église.
Ce sont les sculpteurs qui avaient l’habitude d’orner les bateaux qui ont eu la charge des décorations de l’église. Les angelots d’origine ont été émasculés car les artistes avaient dépassé les bornes de la bienséance selon les critères de l’époque.
Un peu plus loin on découvre une très jolie façade d’église, récemment mise à jour sous une épaisse couche de stuc à l’occasion d’une rénovation. Il s’agit de l’église da Ordem Terceira Secular de São Francisco.
Sur le largo do Pelourinho, une place triangulaire et inclinée où trônait autrefois le pilori (pelourinho), se trouve la très jolie église Nossa Senhora do Rosario dos Pretos, toute bleue avec une façade baroque et deux tours carrés. Elle a été financée par des affranchis pour la population noire et construite par des esclaves de la confrérie de Notre Dame du Rosaire. Très joli intérieur aux tons pastel. Beaucoup de musique dans les rues, ainsi que des démonstrations de capoeira faites pour les touristes moyennant quelques pièces, touristes qui sont en grande majorité brésiliens.
A 17h15 la nuit tombe d’un coup. Après une dernière promenade en nocturne dans le quartier, nous quittons notre guide très sympathique et intéressant et nous retournons au bar de l’hôtel pour déguster la caïpirinha de bienvenue (cachaça, sucre et citron vert).
Dîner au restaurant Maria Mata Mouro dans le quartier de Pelourinho. Petit restaurant avec un très agréable patio. Musique live sympathique assurée par deux guitaristes. Caïpirinhas, spaghettis aux fruits de mer pour Patrice, risotto aux crevettes pour moi, glace cacahuète sur lit de cookies avec salade de fruit en dessert. Très bon et très bonne soirée.
Nuit au Bahiacafé Hotel, Salvador de Bahia