Nous avons dormi comme des bébés jusqu’à 5h du matin. Au réveil il pleuviote et la température est agréable. Petit déjeuner buffet tout à fait correct avec des fruits frais bienvenus après deux jours de riz et de haricots. Cela nous fait un peu drôle de retrouver du monde car ici l’hôtel est presque complet avec de nombreux touristes brésiliens. Promenade dans le jardin pour admirer les plantations dont de magnifiques pandanus et palmiers. J’ai même la chance de croiser un joli varan ou plutôt un tégu commun, le cousin sud-américain des varans africains.

Départ pour Tutoia vers 10h. Arrêt au niveau des petites Lençois, un endroit où les dunes commencent à avancer dans les terres en grignotant les pâturages.

Traversée de villages aux rues souvent inondées. Beaucoup de deux roues et de petits camions décorés qui servent de transport en commun.

Au port nous prenons place dans un petit bateau à moteur et nous voilà partis dans le lacis de canaux du delta de Parnaiba.  

Arrêt dans la mangrove. Tout d’un coup notre Julio saute du bateau, s’enfonce jusqu’à mi-cuisses dans la boue, enjambe les racines des palétuviers et plonge les bras à droite et à gauche. Au bout de quelques minutes il revient crotté et souriant avec deux gros crabes de mangroves dans les mains, un mâle et une femelle. Il y a également des crabes rouges beaucoup plus petits qui courent aux pieds des palétuviers.

Nous nous avançons dans les canaux et les bras de la rivière.  

 C’est un lacis de mini canaux avec des mangroves rouges qui servent d’habitat à de nombreux oiseaux, cormorans, martins pêcheurs, bihoreaux violacés…

Arrêt dans un village pour déjeuner dans un troquet envahi de touristes brésiliens. Nous prenons du poisson et des crevettes avec des frites. L’aubergiste ne comprend pas pourquoi nous ne voulons pas le riz et les haricots (c’est l’accompagnement universel et nous commençons à saturer tous les deux).  

Observation de crabes qui dansent sur le sable. Ce sont des crabes violonistes. Les mâles possèdent deux pinces dont une énorme, d’une taille tout à fait disproportionnée, qui ressemble à une paire de ciseaux et ils l’agitent probablement pour attirer les femelles ou se battre avec leurs rivaux. Autre curiosité du bord de l’eau : des poissons à quatre-yeux (en fait deux, mais qui leurs permettent de voir à la fois sur l’eau et sous l’eau) qui donnent l’impression de courir à la surface de l’eau et de faire des ricochets.

Également une jolie aigrette (aigrette bleue juvénile ??)  qui pêche son poisson dans les flaques.

Nouveau petit saut en bateau et Julio nous dépose sur une berge où sont installées quelques cabanes de pêcheurs aux pieds de dunes. Comme quelques autres touristes nous attendons l’heure pour voir les guaras (ibis rouges) se rassembler sur l’une des îles du delta pour la nuit. Petit tour dans les dunes puis Patrice s’installe sur le sable et je fais un tour jusqu’aux pêcheurs. Le poisson est vidé et trié sur place puis placé dans des bacs en polystyrène avec des blocs de glace. Une famille de chats se régale des entrailles.

A 16h nous reprenons le bateau et nous allons nous installer à proximité d’un îlot déjà bien colonisé par des aigrettes blanches et des hérons. Vers 17h les premiers ibis rouges (guaras) arrivent par deux, trois, cinq individus au début puis par dizaines. Nous sommes un peu loin pour faire de belles photos même avec le 200mm, mais le spectacle est magnifique. Les arbres se couvrent peu à peu d’oiseaux dont la couleur rouge brille au soleil couchant.

Nous partons à vive allure lorsque le jour commence à tomber car nous sommes encore loin de notre hébergement sur l’île dos Poldros.

Ciel magnifique avec des couleurs assez irréelles.

Il fait nuit noire lorsque nous accostons. Julio doit avoir des yeux de chat car il ne semble pas gêné pour piloter son bateau dans l’obscurité complète ! Une fois sur le ponton, nous entendons au loin le bruit d’un tracteur qui vient nous chercher et nous emmène à l’hôtel, quatre bungalows au sommet d’un petite colline. Bien qu’il fasse nuit, l’endroit a l’air charmant. Vaste et jolie chambre dans laquelle nous nous installons rapidement. Ici il y a le wifi mais on ne peut pas payer par carte bleue : il va falloir faire les fonds de poches pour se payer notre caïpi du soir ! Avec le couple de gardiens, nous sommes les seuls occupants des lieux. Très bon dîner concocté par notre hôtesse : bœuf aux oignons très tendre avec divers accompagnements et flan maison. Ce soir ce sera moustiquaire et ventilo. Il n’y a pas de clim mais la température est supportable.

Nuit à l’hôtel Ilha dos Poldros, Delta de Parnaiba