Petit déjeuner bien agréable à l’hôtel. Assiette de fromages locaux pour moi accompagnée d’un condiment à l’ail dont le souvenir olfactif va m’accompagner toute la journée, et assiette de charcuteries pour Patrice. Fruits frais, yaourts, café, tout est bon et nous apprécions d’autant plus que notre dernier repas date de hier midi.

Promenade dans le charmant centre historique de la Laguna où la plupart des rues sont piétonnes. La ville a été inscrite au Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1999 comme exemple unique de ville coloniale non fortifiée. Elle conserve presque intact son tracé original datant du XVe siècle. A 8h du matin les rues sont quasiment vides, à part quelques badauds assis aux terrasses des rares bistrots ouverts.

Nombreuses maisons colorées avec des portes en bois encadrées de pierres grises, des balcons sculptés et d’élégantes vérandas. On retrouve un peu l’esprit des villes d’Amérique Latine comme Antigua au Guatemala.

Quelques jolies églises et couvents dont on ne voit que l’extérieur (tout est fermé le week-end et, en plus, de nombreux édifices sont fermés à cause de la Covid), palais épiscopal dont on admire la cour, jolie façade du Téatro Léal et visite (gratuite) de l’intéressant petit musée d’histoire de la ville installé dans la Casa Lercaro construite en 1593 et restaurée en respectant sa structure d’origine. On peut notamment y voir des cartes anciennes (certaines en français). Sur l’une d’entre elles datant de 1653 et intitulé : « les Isles Canaries par P. du Val d’Abbeville Géographe Ordinaire du Roy, à Paris » on peut lire la mention suivante : « LES ILES CANARIES appelées autrefois FORTUNEES selon la plus commune opinion, sont fertiles en vins, en sucres et en gommes, elles fournissent beaucoup de ces petits oiseaux qui en portent le nom, et sont exemptes de bestes venimeuses. Elles commencèrent d’estre subjuguées l’an 1405 par un Gentilhomme François nommé Bethencourt qui conquist LANCELOTE, FORTAVENTURE, GOMERE et FER et en porta le tiltre de Roy, elles reconnoissent aujourdhuy le Roy d’Espagne. » La cour intérieure est magnifique avec sa véranda finement ouvragée et un très beau dragonnier.

Vers 10 heures, les magasins commencent à ouvrir et les rues s’animent un peu. Je craque pour une paire de chaussures dans le magasin Pisaverde qui propose des chaussures artisanales en fibre de bananier très originales et colorées.  

Départ vers Puerto de la Cruz, petite ville située en bord de mer à une vingtaine de kilomètres de la Laguna par autoroute. Tout de suite nous sommes frappés par le paysage très montagneux et surtout par l’imposante silhouette du Teide qui culmine à 3718 m et dont le cône pointu est assez impressionnant. Belle côte découpée même si elle est très urbanisée.

Visite du jardin botanique, le Jardin de Aclimatacion de la Orotava (entrée 3 euros). Il a été créé en 1788 sur l’ordre de Charles III pour y acclimater des espèces venant des tropiques. On y trouve de nombreuses espèces de palmiers, de broméliacées, d’aracées et de moracées, ainsi que de très beaux arbres anciens dont certains individus remarquables comme un cyprès chauve (Taxodium distichum) envahi par une broméliacée (Tillandsia usneoides), un dragonnier de Madagascar (Dracaena marginata) ou encore un énorme ficus macrophylla d’Australie.

Déjeuner dans un restaurant situé en face du jardin botanique. Nous nous installons en terrasse (en ce moment sur l’île de Tenerife les restaurants sont ouverts mais ne peuvent servir qu’en extérieur). Énorme chausson pour Patrice et omelette saumon, crevettes, avocat pour moi. Nous enchaînons par une courte promenade au milieu des bananiers qui nous emmène jusqu’à la playa el Bollullo, une plage de sable noir assez fréquentée en ce samedi après-midi. 

Des dizaines de lézards (Gallotia galloti) s’enfuient devant nos pieds. Ils sont assez gros et très beaux : les mâles ont des joues bleues ainsi qu’un corps strié de bleu et de jaune.  Côté oiseaux, il y a de nombreux chanteurs, merles, pouillots des canaries et autres non identifiés, ainsi que des faucons qui tournoient à la recherche de proies.

Fin de journée à Santa Cruz de Tenerife, la capitale de l’île. C’est une grande ville mais le centre-ville n’est pas désagréable. L’église de la Conception, la plus ancienne de la ville, est fermée mais l’extérieur mérite le coup d’œil. Le street art signalé en face est décevant mais nous aurions dû chercher les lieux peints avec précision avant de venir. Le centre-ville est très arboré. Nous prenons un verre sur une jolie place à l’ombre d’immenses ficus avant de redescendre sur la place d’Espagne par les ramblas.

De retour à La Laguna, nous profitons d’une messe pour entrer dans une église et admirer ses plafonds en bois et son décor baroque. C’est une église de couvent, les sœurs participent à l’office derrière une grille. Malheureusement on ne peut pas se déplacer dans l’église, mais nous sommes quand même contents d’avoir pu y jeter un coup d’œil. Une fois la nuit tombée il fait frais à l’extérieur et nous décidons de dîner à l’hôtel (les hôteliers ont le droit de servir leurs clients à l’intérieur avant 23h, l’heure fatidique du couvre-feu). C’est une bonne surprise car nous faisons un bon repas pour la modique somme de 16 euros : canapés aux betteraves surmontés d’un mélange de légumes et d’une sauce au fromage, cabillaud confit avec pommes de terre et petits légumes et fromage blanc avec bananes locales. Nous gagnons notre lit avec plaisir ce soir et ne faisons pas long feu !

 Nuit à La Laguna Gran Hotel, San Cristobal de la Laguna, Tenerife