Jour 13 : de SUNCHEON à JEONJU
Nuit un peu agitée. Patrice s’est fait mordre par une scolopendre en allant aux toilettes (un bestiau de quelques centimètres qu’il a réussi à tuer) et nous avons été réveillés à deux reprises par des coups de téléphone nocturnes qui étaient des erreurs !
Nous quittons Suncheon pour Jeonju et nous faisons un premier arrêt au parc provincial de Jogyesan pour visiter le temple Songgwang. Par la montagne (et à pieds) il n’est qu’à une bonne dizaine de kilomètres de celui que nous avons visité hier, mais c’est beaucoup plus long par la route. Son nom signifie « monastère du pin large ». Ce temple a pris son essor sous l’influence du grand maître Jinul en 1210 qui synthétisa les deux grands courants de pensée bouddhique de l’époque et fonda l’ordre Jogye qui est toujours la plus importante organisation bouddhique du pays.
Aujourd’hui nous avons la météo avec nous. Le temple est construit dans un très joli environnement de forêts avec toujours une rivière qui marque la frontière entre le profane et le sacré. Les nombreux bâtiments, qui datent pour la plupart du XVIIème siècle sont très bien décorés avec de belles têtes de dragon sculptées et des peintures représentant des scènes de la vie du Bouddha.
Il y a très peu de visiteurs, quelques moines qui vaquent à leurs occupations et d’autres qui prient et chantent, ce qui nous fait une ambiance sonore agréable qui se mêle au chant des oiseaux qui piaillent en allant récupérer des baies sur les arbres et au bruissement des cigales. Le petit musée présente de jolis objets, statues, bulgam (triptyque portatif de statues bouddhiques) et quelques portraits peints des maîtres nationaux. Très agréable visite.
Il y a un peu plus de 100 kms pour aller à Jeonju et le GPS nous annonce deux heures de route. Pendant une bonne partie du trajet, nous traversons un paysage de petites montagnes parsemé de lacs. Par moment nous longeons des barres d’immeubles. Contrairement à ce que l’on peut voir chez nous, ce sont des quartiers résidentiels très appréciés des coréens. Ils appellent apateu ces grandes tours numérotées faisant parfois plus de 30 étages. Nous mettons bien les deux heures prévues pour arriver car, à part un tout petit tronçon d’autoroute et un autre de « voie rapide » nous avons principalement circulé sur de la route normale traversant de nombreux villages. Le GPS signale les très fréquents contrôles de vitesse (soit ponctuels soit calcul de la vitesse moyenne sur des tronçons de route) et les dos d’âne (encore plus fréquents). Patrice s’efforce de bien respecter la limitation mais ce n’est pas le cas de tous les coréens.
A Jeonju nous avons réservé une chambre dans une maison Hanok au sein du Jeonju Hanok Maeul, village hanok situé au sud-est de la ville moderne et qui regroupe environ 800 maisons. La propriétaire nous accueille mais nous demande d’attendre son mari qui parle anglais. Elle nous fait gentiment patienter avec un verre de thé à la prune. Hanok dream est un tout petit hébergement avec des chambres minuscules. Elles sont équipées de matelas traditionnels (une sorte de sur-matelas de chez nous d’environ 1cm d’épaisseur). Là, ils nous ont mis deux couches pour plus de confort ! Tout est plié dans un coin de la chambre avec un drap chacun et un petit oreiller. Une fois les matelas dépliés et les sacs rentrés dans la pièce, il n’y a plus de place. Côté salle de bain, la douche est installée sur le lavabo et les toilettes sont accolées à tout ça. Les serviettes de bain ont une taille en rapport avec le reste : lilliputiennes ! Comme nous dit le propriétaire, par ailleurs très gentil et qui nous donne plein de renseignements sur le village, dormir dans une maison Hanok, c’est une expérience ! Vu l’épaisseur du matelas, nous espérons que l’expérience ne sera pas trop douloureuse pour nos dos, d’autant que nous avons prévu ce type d’hébergement pour les huit prochaines nuits !
Promenade dans le village. Beaucoup de cafés, de loueurs de vêtements traditionnels, de diseurs de bonne aventure (saju cafe). De nombreux commerces sont fermés. Nous allons jusqu’à la porte du sud (Pungnammun) la seule qui ait survécu au temps. Un peu plus loin, le marché est aussi peu animé que le village. Montée au Jaman mural village qui permet d’avoir une jolie vue sur les toits des maisons hanok.
Comme dans les autres villes le Jaman mural village est un quartier en voie de paupérisation qui a retrouvé quelques couleurs en ouvrant ses murs aux artistes de street art. Les thèmes sont assez éloignés de ceux des graffeurs de chez nous. Ici on est un peu chez les bisounours avec des personnages de bd japonaise, des chanteurs de K-pop, des acteurs, des petits cœurs et des chats. C’est sympa quand même mais malheureusement l’endroit est quasiment vide de présence humaine et à part un café tout est fermé !
Retour dans le village hanok. Nous avons un peu du mal à trouver un restaurant ouvert. Nous échouons dans un troquet qui propose des boulettes de porc avec des accompagnements. Je les prends sous forme de bibimbap puisque ce plat est la spécialité de Jeonju. Nous rentrons nous coucher comme les poules mais il n’y a rien d’autre à faire ici ! La première impression sur Jeonju est assez mitigée. Nous verrons bien demain.
Nuit au Hanok dream, Jeonju