Une grosse journée au Caire aujourd’hui. Je profite du début de soirée à la gare en attente de notre train de nuit pour Louxor pour résumer un peu nos activités depuis ce matin. Visite de la Citadelle. C’est Saladin qui fit construire une forteresse sur cette petite colline qui domine la ville. Il reste une ligne de fortification de l’époque.

Le reste des bâtiments est plus récent, notamment la mosquée Mohammed Ali ou mosquée d’albâtre où est enterré Mohammed Ali qui régna sur l’Égypte de 1805 à 1849 (son dernier descendant est le roi Farouk). Grande cour intérieure dont le centre est occupé par une fontaine d’ablutions. Curieuse horloge monumentale offerte par Louis Philippe (qui fait un peu verrue). Les coupoles intérieures sont inspirées de celles de Sainte Sophie à Istanbul.

Belle vue depuis le sommet de la citadelle sur la ville du Caire.

En contrebas de la citadelle nous nous arrêtons à la Madrassa Sultan Hassan. Impressionnante avec son allure de forteresse. Construite au milieu du 14ème siècle, elle est considérée comme le chef-d’œuvre de la période mamelouke

Après un passage en double chicane, on débouche dans une très belle cour centrale avec un pavement de marbre. Salle de prière éclairée par des dizaines de lampes en verre émaillé. L’acoustique est parfaite et nous pouvons en juger grâce à la démonstration d’un officiant qui se met à chanter.

Avant de partir nous faisons un arrêt à la mosquée Al-Rifai juste en face. Elle est beaucoup plus récente (1869 – 1912) et abrite des tombeaux de la famille royale égyptienne, ainsi que celui du dernier shah d’Iran.  

Nous reprenons la voiture pour quitter ce quartier populaire. La foule est dense, nous traversons divers marchés qui s’étalent sur la chaussée dont un marché aux oiseaux très animé.

Quartier copte ou vieux Caire. Les coptes sont les chrétiens d’Égypte. Les principaux édifices de ce petit quartier encore habité par une minorité de chrétiens sont principalement religieux. A l’entrée du quartier on note une importante présence policière (policiers armés en uniforme et en civil et soldats). Église grecque Saint-Georges : reconstruite après un incendie. Église ronde avec un beau plafond bleu décoré d’une tête de Christ. On ne s’attarde pas car il y a un office en cours.

Nous passons devant les restes bicolores de la forteresse de Babylone construite par l’empereur romain Dioclétien vers 300 après JC pour sécuriser le commerce sur le Nil. Nous poursuivons par l’église suspendue dédiée à la vierge Marie ou El-Moallaqa. Édifiée au cours du 4ème siècle au-dessus d’une tour de l’ancienne forteresse romaine (d’où le terme « suspendue »). Très jolie avec une magnifique chaire, de nombreuses icônes, des boiseries travaillées et un élégant vestibule.

Nous finissons avec l’église Saints-Serge-et-Bacchus. Elle porte le nom de deux soldats martyrs sous le règne de Maximien. Elle est considérée comme la plus ancienne du Caire. La légende dit que sa crypte aurait abrité la Sainte Famille lors de sa fuite en Égypte. Énormément de monde dans les églises et dans le quartier copte ce qui rend les déplacements difficiles (il faut dire que nous sommes vendredi et qu’ici c’est jour de repos).

Passage par un magasin de papyrus et démonstration rapide du processus pour faire le papier à partir de la plante. La tige est épluchée puis coupée en lambeaux qui sont aplatis au marteau puis au rouleau pour en extraire le jus. Trempage de plusieurs jours dans l’eau pour assouplir les fibres puis les bandes sont placées horizontalement et verticalement et croisées. L’ensemble passe plusieurs jours à la presse. Le papier est ensuite prêt à être décoré. Cette fois nous ne faisons même pas l’effort de faire un tour du magasin avant de partir. Embouteillages importants pour gagner le musée égyptien sur la place Tahir en plein centre-ville. D’après Hana, l’approche du Ramadan est la cause de cette effervescence car de nombreuses courses doivent être faites avant le début des festivités.

Snack dans le café du musée avant d’attaquer la visite. La guide avait deux euros par personne pour nous faire manger et nous avait proposé le plat typique local, le koshari, un mélange de nouilles, de riz, de lentilles, de pois chiches, d’huile et d’oignons frits. Sans grande faim, nous avons décliné et choisi un basique sandwich pas terrible que nous avons payé de notre poche au même prix que chez nous dans le café du musée. A noter que le grand musée égyptien est construit près des pyramides de Gizeh, mais les principales collections n’y ont toujours pas été transférées. L’ancien musée contient beaucoup de pièces magnifiques, mais la présentation est obsolète. Il est dans son jus, et du jus pas récent ! Première visite avec les commentaires d’Hana puis nous refaisons tranquillement un tour des salles seuls, à notre rythme.

Parmi les nombreuses pièces qui nous ont beaucoup plu on peut citer une statue de scribe, une statue du prêtre Kaaper en bois, le prince Rahotep et son épouse, le nain Seneb et sa famille, le sphinx d’Amenemhat, les salles consacrées à Toutankhamon, les sarcophages et mobilier funéraire de Youya et Touya (parents de l’épouse d’Aménophis III), les bijoux et objets retrouvés dans diverses tombes.

En fin d’après-midi nous partons vers le souk dans le quartier de la mosquée El-Azhar. Les embouteillages sont assez monstrueux, mais le chauffeur assure que l’on peut y passer une heure avant de partir à la gare. Il faut jouer des coudes pour avancer à pieds dans les rues en évitant les voitures, les bus de tourisme, les deux-roues, les porteurs et le flot des piétons. Le quartier vaut vraiment le coup d’œil. Achat de mélanges d’épices, de fleurs d’hibiscus séchées pour le karkadé (tisane très populaire qui se boit chaude ou froide) et de dattes séchées qui doivent être réhydratées avant d’être consommées. Nous prenons un petit moment pour déguster un karkadé dans un bistrot en face de la mosquée en regardant les gens passer. 

Ensuite c’est la course, d’abord pour retrouver notre chauffeur et ensuite pour gagner la gare. Les voitures sont à l’arrêt. On avance mètre par mètre à coup de cris, de klaxons et d’injures. Nous n’avons jamais vu autant de circulation et de bouchons !

Nous sommes attendus à la gare par une personne de l’agence égyptienne qui nous remet les tickets et nous accompagne jusqu’à notre wagon (heureusement car ils ne sont pas numérotés). Le train arrive à 20 heures pétantes. Les wagons couchette sont gérés par un employé qui assure le réveil, apporte le petit-déjeuner et le dîner du soir. Nous sommes dans un compartiment à deux lits. Le plateau repas est à peine mangeable, le train est vétuste et très sale, les wc sont juste immondes. On va essayer de ne pas trop toucher de choses et de dormir un peu !

Nuit dans le train Le Caire – Louxor