Jour 17 : San Pedro de Atacama
Lever à 5 heures et départ à 5h30 pour les geysers du tatio. Trente kilomètres de route puis 65 de mauvaise piste dans le noir avant d’arriver dans la zone des geysers au nord de San Pedro de Atacama. Le jour n’est pas encore levé, il fait -12°C, nous sommes à plus de 4000 m d’altitude au milieu d’un champ de geysers et de fumerolles. C’est très beau. Avec le lever du jour, les geysers semblent s’activer un peu et les jets d’eau deviennent plus importants. Le froid nous congèle les pieds et les mains et traverse nos pantalons légers, mais le spectacle mérite que l’on souffre un peu et nous résistons un bon moment avant de trouver refuge dans la voiture et de boire un bon café chaud préparé par Julie qui nous a également prévu un petit déjeuner complet. Il faut avouer que c’est bien agréable.
Les mouettes des Andes essaient de venir nous voler quelques miettes. Avec le soleil, les concrétions prennent des couleurs ocre ou jaunes. Partout cela bouillonne, par endroit il s’agit d’eau mais ailleurs ce sont des boues colorées. Il y a même de la végétation dans cet endroit étonnant: des herbes rases, mais aussi de petits buissons fleuris (ressemblant un peu à notre thym), et des touffes de paja brava (Jarava ichu ou Stipa ichu), une herbe jaune un peu drue qui plaît visiblement bien aux viscaches, ces gros rongeurs semblables à des lapins avec une longue queue.
En redescendant dans la vallée, nous croisons quelques vigognes (sauvages), des lamas et des guanacos (animaux d’élevage) mais aussi beaucoup d’oiseaux : ouettes des Andes, sarcelles de la Puna avec leur joli bec bleu, et des foulques géantes aux impressionnantes pattes oranges.
Nous redescendons vers San Pedro en longeant une petite rivière presque entièrement prise dans la glace
Nous continuons notre descente vers San Pedro en découvrant les magnifiques paysages que nous avons traversés ce matin dans le noir. En quelques kilomètres on repasse de 4250 à 2200 mètres d’altitude et la température remonte aussitôt. Sur le trajet nous faisons également un peu de botanique, à la recherche des plantes médicinales locales comme le chachacoma [Senecio eriophyton] ou le pingo-pingo [Ephedra andina] qui serait utilisé par les locaux comme une sorte de viagra (deux petits buissons faméliques qui ne sont guère photogéniques)
Julie nous laisse à l’hôtel vers midi. Nous sortons rapidement manger un morceau sur la place principale du village et nous assistons au passage de la procession de Santa Rosa de Lima. Curieux mélange entre une procession classique (une statue de vierge portée par des hommes, précédés par un curé muni de son goupillon) et une sorte de carnaval. Des hommes déguisés en femmes avec faux seins, fichus sur la tête et plumeaux dans les mains font des courbettes devant le curé, d’autres sont déguisés en taureaux, et puis il y a une troupe de nounours blancs avec de gros yeux globuleux et une araignée accrochée dans le dos. Tout ce petit monde se trémousse en musique. Je plains en particulier les nounours car le costume semble particulièrement lourd et la chaleur aidant, cela doit être très pénible.
Ce matin nous sommes allés au nord de San Pedro vers les geysers et cet après-midi nous prenons la direction du sud
Nous descendons à pieds dans le canyon du sel . Cristaux de gypse de couleur transparente. Superbe. Julie nous rejoint et nous la suivons dans une grotte. Jolies concrétions de sel.
Retour à San Pedro by night. La lune n’est pas pleine, il est donc possible de faire une séance d’observation du ciel. Julie nous indique l’endroit où prendre des billets pour pouvoir observer les étoiles. Nous arrivons pile poil à la fermeture et prenons des réservations pour 10 heures ce soir. Repas médiocre et rapide avant de rejoindre un groupe de 5 jeunes anglo-saxons dans le bus qui nous emmène à quelques kilomètres du village. Découverte du ciel local en anglais avec un canadien qui heureusement est parfaitement compréhensible. On commence par une observation du ciel à l’œil nu (on distingue très bien les constellations, la voie lactée, et un semi impressionnant d’étoiles). Seul inconvénient : il fait très froid à rester dehors sans bouger, le nez levé vers les étoiles. Je suis personnellement congelée. Dix télescopes permettent de voir plus de détails : alpha du centaure, Véga, d’autres galaxies, Jupiter et ses lunes… Ensuite chocolat chaud pour tout le monde pendant que nous apprenons tout ou presque sur les trous noirs, les astéroïdes, les comètes, les étoiles filantes (on en a vu plein). Retour à l’hôtel à 1h du matin, contents mais crevés.
Nuit à l’hôtel Poblado Kimal