Jour 17 : Puerto Maldonado – Lac Sandoval
Lever 5 heures et départ à 5h40 pour aller voir une colpa, lieu de rendez vous pour perroquets. Une petite demi-heure de marche dans la forêt pour gagner la Colpa de los loros. Nous atteignons un observatoire qui permet d’observer la zone argileuse où les perroquets doivent venir manger (ils ont besoin de manger cette argile riche en sels pour faciliter leur digestion). Nous commençons par observer un Toucan à bec rouge [Rhamphastos tucanus] perché au sommet d’un arbre. Il est trop loin pour être pris en photo mais il chante et fait claquer son bec avec entrain. On craint un moment que sa présence décourage les perroquets car le toucan est une terreur dans la forêt. Heureusement il décide d’aller faire un tour ailleurs et quelques minutes plus tard arrive un vol de perroquets verts et bleus, des Cornures de Wedell [Aratinga weddellii] qui font un barouf pas possible et colonisent la colpa pour manger de l’argile. Très beau spectacle, malheureusement il fait encore sombre et il est difficile de faire des photos correctes.
Sur le chemin du retour, nous croisons la route d’un joli Trogon masqué [Trogon personatus]. Il se met à pleuvioter et le ciel se couvre vraiment. Petit déjeuner au lodge avec fruits frais, jus d’ananas et œufs brouillés. Encore quelques oiseaux aux abord du lodge : toucan, cassique cul-jaune et tangara évêque.
A 10h30 nous retrouvons Mitchell et nous partons en bateau jusqu’à l’île aux singes où nous sommes censés voir des singes capucins, réintroduits sur cette petite île par une équipe de scientifiques qui a quitté les lieux il y a quelques années. Nous passons devant des groupes d’orpailleurs qui font un bruit épouvantable et qui salissent la rivière en y rejetant leurs déchets chargés en mercure. Il semblerait que cela ne soit pas vraiment autorisé mais la corruption a l’air d’être très au point dans la région, alors…
Sur la plage où nous débarquons il y a des vautours et de minuscules rainettes de la taille d’un ongle qui se confondent avec le sable. Belle balade sur l’île qui a une très jolie végétation, mais aucun singe en vue, malgré le paquet de bananes trimballé par notre guide et ses sifflements pour prévenir les singes de notre présence. Nous repartons bredouilles mais contents de notre petit tour sur l’île.
Il y a même des bestioles qui s’invitent sur le bateau !
Nous continuons en bateau jusqu’à la réserve nationale de Tambopata-Candamo. A l’entrée de la réserve, Mitchell informe le gardien de notre arrivée et celui-ci lui signale la présence de groupes de singes juste à côté. Nous nous enfonçons un peu dans la forêt à leur recherche et là nous avons de la chance car nous pouvons admirer des capucins [Cebus albifrons], avec leur sorte de tonsure sur la tête et leur visage presque humain et de très mignons singes écureuils [Saimiri sciureus].
Nous empruntons ensuite un chemin forestier pendant environ 3 kilomètres pour gagner le lac Sandoval. En cours de route nous passons un moment à observer des leaf-cutter ants [Atta sp], fourmis rouges qui trimballent d’énormes morceaux de feuilles sur leur dos, de très jolis papillons et des singes hurleurs [Alouatta seniculus] beaucoup plus lents que les précédents et qui se servent de leur queue comme d’une main supplémentaire. Nous nous arrêtons au bord d’un petit canal très étroit qui disparaît dans la végétation et nous montons sur une barque pour continuer notre chemin.
Ce mini chenal dans lequel baignent quelques caïmans dont nous n’apercevons que les yeux à la surface de l’eau nous emmène jusqu’au lac Sandoval, une grande étendue d’eau prisonnière de son écrin de forêt et le paradis des oiseaux, comme nous n’allons pas tarder à nous en apercevoir. Le temps est toujours couvert avec parfois quelques gouttes de pluie mais cela ne perturbe en rien les animaux et nous avons la chance d’être totalement seuls sur le lac. Absolument superbe. La barque maniée avec précision par Mitchell avance sans bruit en suivant les berges, nous nous taisons de même et nous ouvrons grand les yeux devant le spectacle qui s’offre à nous. Il y a des oiseaux partout : Anhingas d’Amérique, Hoazin huppés, Cormorans vigua, Râles de Cayenne,….
Pendant que nous flottons tranquillement sur le lac, nous voyons passer la tête et l’extrémité de la queue d’un énorme caïman (3-4 mètres selon Mitchell). On se sent quand même mieux dans la barque même si Mitchell nous assure qu’ils n’attaquent pas les hommes et que les enfants n’hésitent pas à se baigner ! Nous déjeunons dans notre barque d’un plat typique amazonien, le Juane con arroz. Emballé et cuit dans une grande feuille de bananier, il s’agit d’un mélange très parfumé de riz, de poulet et d’œuf. C’est vraiment très bon.
En fin d’après midi nous avons la chance de tomber sur un groupe de petits singes écureuils qui font un festin dans des arbres dont les branches touchent l’eau.
Nous quittons le lac presque à la tombée du jour et sur le chemin du retour nous avons le plaisir de rencontrer de nouveau des singes hurleurs, des vautours à tête jaune [Cathartes melambrotus] et un couple de aras bleu et jaune [Ara ararauna]. Retour plus tard que prévu au bord de la rivière. Nous attendons le bateau qui doit nous ramener au lodge en admirant un magnifique coucher de soleil.
Très bon cocktail au bar du lodge en discutant « oiseaux » avec notre guide. Nous découvrons avec surprise que les palmiers du lodge renferment des nids de mygales. Le soir elles chassent et attendent de pattes fermes le casse-croûte, installées sur leur tronc. Nous admirons deux magnifiques spécimens velus qui ont l’air placides mais qui sont très rapides: Mitchell remue une brindille à proximité de la plus grosse et immédiatement elle attaque et recule déçue quand elle s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’une proie.
En allant nous coucher, je découvre une sorte de mille pattes long avec des cornes dans ma moustiquaire. Comme je ne compte pas dormir avec, nous le transvasons sur un papier et en le mettant dehors, nous faisons rentrer dans la chambre un avion, une énorme cigale de nuit verte [Fidicina mannifera] qui nous percute avant de s’installer sur la lampe. Fou rire et bonne nuit.
Nuit au Lodge Corto Maltès
