Jour 8 : Puño – Îles Uros – Île de Taquile – Île d’Amantani
Après un bon petit déjeuner au restaurant de l’hôtel, notre jeune guide vient nous récupérer vers 7h et nous partons directement en bateau depuis l’embarcadère de l’hôtel (un bateau juste pour nous) jusqu’aux îles Uros, habitées par les indiens Aymaras.
Il faut à peine une demi heure de bateau pour arriver au niveau de ce groupe d’îles, une quarantaine en tout. Ce sont des îles flottantes artificielles construites sur des blocs de tourbe et recouvertes de totora, un roseau rigide qui pousse dans le lac Titicaca. Les habitants vivent du tourisme majoritairement et de pêche.
Nous débarquons sur une île et sommes « pris en charge » par une famille qui nous explique son mode de vie et les principes de construction des fameuse îles flottantes. Sur l’île tout est construit en tortora: maisons, objets, décors, les bateaux également (bien que récemment ils aient intégré dans la coque des bouteilles en plastique qui améliorent la flottaison et prolongent la durée de vie des embarcations).
Les bateaux sont particulièrement jolis avec leurs petits airs de drakkars vikings donné par la proue recourbée décorée de têtes d’animaux. A noter que la tortora se mange également : la partie blanche centrale par les humains (tendre mais sans goût particulier) et la partie verte par les vaches. Achat d’un peu d’artisanat (jolie broderie et mini barques en tortora). Petit tour de barque avec un indien qui nous explique ses difficultés avec ses enfants (4 à lui et deux adoptés) : quel que soit le pays, l’adolescence est une période difficile pour tous les parents !
Nous retrouvons notre bateau et prenons la direction de l’île de Taquile (2 heures 1/2 de trajet). Malgré la crème solaire dont nous nous sommes copieusement enduits et les lunettes de soleil, nous prenons un bon coup de soleil sur le nez et les pommettes, façon week-end au ski.
L’île entière est classée au patrimoine mondial de l’Unesco pour aider à la conservation du mode de vie et des coutumes particulières de ses habitants. Paysage méditerranéen avec eucalyptus et une plante aromatique à petites fleurs blanches qui évoque un peu le thym et sent très bon (ils s’en servent d’ailleurs pour faire de la tisane). Il est difficile de réaliser que nous sommes à plus de 3800 m d’altitude, qui plus est, sur un lac alors que l’eau s’étend à perte de vue !! La montée est rude jusqu’à la place principale du village.
Ici les hommes tricotent et mènent les affaires de l’île. Les femmes sont plus effacées. Les costumes des deux sexes sont assez originaux mais plus recherchés pour les hommes. Ils portent des bonnets avec pompons, bicolores (rouge et blanc) pour les célibataires (la position du pompon signalant s’ils recherchent une femme ou non) et entièrement rouges pour les hommes mariés. A noter que les célibataires mettent leurs feuilles de coca dans le fond de leur bonnet, alors que les hommes mariés ont une petite bourse réservée à cet usage accrochée à la ceinture.
Toute discussion amicale est précédée d’un échange de feuilles de coca. Les hommes mariés portent également une grande ceinture enroulée autour de la taille formée de deux parties : une partie tissée et brodée de couleur rouge et une partie également tissée, mais d’un mélange de laine de mouton et de cheveux de leur épouse ! Les hommes les plus importants du village ont un couvre chef particulier : un bonnet de laine coloré recouvert d’un chapeau en feutre noir. Les femmes portent de grandes capes noires terminées par des pompons de couleur, plus petits pour celles qui sont mariées.
Nous prenons notre repas de midi avec Vladimir dans un restaurant collectif (les villageois gèrent quelques restaurants qui servent tous le même menu au même prix). Bonne soupe de légumes au quinoa et piment, puis truite du lac et on termine par un verre de tisane. Très joli endroit, forcément touristique, mais qui a quand même beaucoup de charme.
Débarquement sur le petit port puis nous partons avec Vladimir vers la maison où nous devons coucher, un peu à l’écart du village. Il n’y a personne à notre arrivée. En fait il y a un mariage dans le village et notre hôtesse arrive en courant quelques minutes après nous en s’excusant de nous avoir fait attendre. Installation dans une chambre simple mais coquette avec une belle vue sur le lac. Il n’y a ni électricité ni chauffage mais trois grosses couvertures en laine de mouton et des bougies pour le soir. Seule la cuisine bénéficie d’un peu de lumière grâce à un petit panneau solaire. Les WC sont dehors (il n’y a pas de chasse mais un tonneau d’eau avec un seau) et nous avons aussi un lavabo avec de l’eau froide à disposition.
Nous partons avec Vladimir pour l’ascension du Pachatata (4170 mètres quand même) pour aller admirer le coucher de soleil depuis le sommet. Le village est étendu avec des ruelles très pentues.
Nous avons besoin de faire des arrêts fréquents pour reprendre notre souffle et nous nous faisons doubler par des mamies toutes ratatinées chargées d’énormes paquets ! On souffre mais on arrive quand même en haut à temps pour voir le soleil se coucher. Point de vue magnifique.
On redescend à la nuit (heureusement que nous avons des petites lampes de poche). Repas chez notre hôtesse : soupe de légumes avec morceaux de pommes de terre puis plat de légumes très parfumés accompagné de pommes de terre et de riz. Nous finissons par une tisane à l’herbe locale. C’est bon. Vladimir nous propose d’aller à une sorte de fête organisée pour les touristes dormant sur l’île, mais vu qu’on loge assez loin du village, qu’il caille vraiment car un petit vent très frisquet s’est levé et qu’il est déjà tard, on décide de ne pas bouger et notre guide semble également bien content de pouvoir aller au lit. Il fait froid dans la chambre, mais c’est chaud sous les couvertures et nous arrivons quand même à lire un peu avec la bougie et nos lampes de poche. Extinction des feux. Les couvertures sont tellement lourdes que je cherche mon air et ai vraiment du mal à respirer: il va falloir choisir entre mourir de froid et mourir étouffés !!
Nuit chez l’habitant