Jour 3 : des Terres rouges à Kunming
Il a fallu arrêter la couverture chauffante dans la nuit sous peine de voir nos pieds se transformer en ballons de baudruche ! Finalement nous n’avons pas eu froid. Réveil par l’ipad de Patrice à 3 heures du matin (des alertes stupides sur les élections municipales en France). Un peu difficile de se rendormir.
Petit déjeuner. On se pointe à 7h30. Il n’y a personne. Au bout d’un moment une jeune femme montre le bout de son nez et nous installe à une table. Quelques minutes plus tard, nous la voyons revenir avec le petit déjeuner: des toasts et de la brioche grillée, des œufs durs, de la soupe de riz, des bouchées vapeur à la viande et un breuvage à base de lait (probablement du thé). Argh !!! Désespoir, pas de café. Je déteste le lait et j’ai vraiment besoin d’un café le matin. Patrice a pitié de moi et fait une nouvelle tentative avec l’ipad qui demande de sa voix métallique un café à la jeune serveuse. Elle revient avec un verre d’eau chaude. Nouveau grand moment de solitude !
Ce matin, cela sent un peu le lisier de cochon, mais c’est quand même supportable alors que l’élevage jouxte l’hôtel. C’était quand même une bonne adresse et si le personnel manque un peu de pratique il faut reconnaître qu’ils se donnent beaucoup de mal.
Encore un peu d’autoroute jusqu’à Kunming. Dans un tunnel, deux camions (tous feux éteints) se percutent, s’encastrent dans le mur et perdent leur chargement de bidons. Heureusement ce sont des bidons d’eau, mais cela fiche quand même la trouille (avec un produit inflammable on ne serait probablement pas sortis vivants du tunnel). Le chauffeur qui roule vraiment prudemment, arrive à slalomer entre les bidons et s’en sort très bien ! Arrivés à Kunming, il nous laisse au Golden Temple. Nous nous donnons rendez-vous devant l’entrée trois heures plus tard. Heureusement les chiffres sont communs aux deux langues et nous avons trouvé ce moyen de communication: langage des mains et heure griffonnée sur un morceau de papier.
Le temple d’or est situé sur une colline de pins et de cyprès. C’est un temple taoïste, reproduction du pavillon principal d’un premier sanctuaire fondé en 1602 sous les Ming puis transporté en 1637 dans la région de Dali avant d’être reconstruit sur le lieu d’origine. L’endroit est très vaste avec le temple auquel on accède par plusieurs portiques, une tour au sommet de laquelle on peut faire sonner une cloche moyennant quelques yuans, de nombreux petits bâtiments et un vrai jardin botanique avec des serres.
On retrouve notre chauffeur vers 17 heures. Il passe un petit coup de téléphone à Philippe pour être sûr de l’organisation de la fin de journée. Il nous accompagne devant le théâtre et nous devons le retrouver au même endroit à 20 heures (il a visiblement peur de nous perdre, c’est une vraie mère-poule ce chauffeur!). Petit tour dans le quartier jusqu’au marché aux fleurs et repas au restaurant Yikeyin Lao Fangzi, recommandé par le même Philippe. Jolie maison chinoise ancienne. On mange dehors dans la cour (la température est douce et c’est très agréable). Le menu propose des photos. Ce n’est pas pour cela que l’on sait vraiment ce que l’on mange, surtout pour les plats en sauce, mais c’est rassurant. Nous choisissons des raviolis frits, des brochettes de viande sur un lit de menthe frite accompagnées de petits légumes et un autre plat de viande assez épicé avec des oignons frais. Tout est très bon. Avec le riz et deux grosses bières (1/2 litre), le repas du soir nous revient à 150 yuans.
Un peu après 22 heures nous retrouvons notre chauffeur qui cette fois nous laisse devant la gare. C’est une grande gare (Kunming a plusieurs gares et près de 3 millions d’habitants) mais organisée un peu comme un aéroport: il y a des salles d’attente spécifiques pour les trains et les portes d’embarquement s’ouvrent quand on peut accéder aux quais. Tout est en chinois mais les chiffres nous sauvent car nous pouvons lire les heures de départ et les numéros des trains et des quais ! L’accès est surveillé ce qui est peut être en lien avec le massacre au sabre commis par des Ouighours qui a fait ici même une trentaine de morts le 1er mars dernier.
Nous trouvons sans mal notre wagon et notre compartiment (2 couchettes molles dans l’équivalent de la première classe chinoise). Nous partageons le lieu avec un couple de jeunes chinois. Le jeune homme essaie de converser en chinois à plusieurs reprises malgré notre incompréhension totale, alors que la jeune femme passe un temps infini à se démaquiller. On peut acheter de l’eau dans le train mais la plupart des voyageurs ont avec eux une sorte de biberon avec une paille, qu’ils remplissent d’eau chaude bouillie dans un grand réservoir à l’avant du wagon. A côté des WC qui sont comme dans nos trains, il y a également une rangée de lavabos communs devant laquelle on fait la queue pour faire un brin de toilette. Nuit très brève !!
Nuit dans le train pour Dali