Réveil à 7 heures par le service de l’hôtel car nous essayons d’économiser au maximum le portable dont le chargeur est dans la valise manquante.  Très bon petit déjeuner-buffet mi-anglais mi-indien. Le responsable du buffet décide de nous faire goûter à tout : galettes aux pommes de terre, soupe épicée, chutney de tomates, chutney à la noix de coco, dosai (grandes crêpes craquantes légèrement huilées) que l’on trempe dans la soupe, pancakes à la cannelle, etc… Nous avions bien pris la résolution d’éviter les jus de fruits frais mais là c’est impossible de refuser. On fait glisser nos beignets avec du jus de mangue, d’ananas et de cédrat ! On est tous à la limite de l’écœurement sauf Laurent qui prend en plus des œufs ! Nous retrouvons notre chauffeur à 8h30 et nous voilà partis pour une visite du vieux Delhi.

Mosquée Jama Masjid : c’est la plus grande mosquée de l’Inde, construite entre 1650 et 1656 par 5000 ouvriers. Nous laissons nos chaussures à l’entrée et nous nous faisons suivre par un guide qui s’impose sans que nous l’ayons invité. Nous écoutons son laïus d’une oreille très distraite car son anglais est très approximatif. Il ne nous lâche qu’après nous avoir délestés de quelques roupies. Très belle cour avec son bassin central. Beaucoup de pigeons, mais aussi de jeunes garçons qui balayent les crottes, les plumes et les graines de maïs (heureusement car tout le monde est pieds nus). Nous sommes les seuls touristes. Depuis la mosquée, il y a une très belle vue sur le Fort Rouge, un peu en contrebas.

Il commence à faire très chaud mais nous attaquons d’un bon pas la visite du Fort Rouge.  Il y a une enceinte monumentale avec plusieurs bâtiments en grès rouge à l’intérieur. Un hall rouge pour les audiences publiques, un hall en marbre blanc pour les audiences privées et plusieurs délicats pavillons sculptés : c’est tout ce qui reste de la splendeur des Moghols, mais cela vaut quand même le détour.  

Deep nous emmène ensuite au Raj Ghât, un parc où fût incinéré le Mahatma Gandhi en 1948. Beaucoup d’indiens autour du monument commémoratif. On ne s’y attarde pas mais promenade agréable dans les jardins au milieu des oiseaux et des tamias de couleur fauve qui portent sur le dos comme deux traces de peinture blanche. Il fait une chaleur à crever. Nous nous arrosons et cherchons un peu d’ombre pour éviter l’insolation. Un coup de téléphone d’un membre de l’agence nous donne des nouvelles rassurantes de la valise : elle serait en route pour Delhi et on devrait pouvoir la récupérer à Jaipur demain soir. Par précautions, nous demandons au chauffeur de nous emmener dans un magasin de vêtements pour hommes. Patrice s’achète deux chemises avant de partir en direction de Neemrana, l’étape de ce soir.

Il y a 130 kilomètres et 3 heures de route de prévues. La conduite est assez particulière et nous sommes contents d’avoir un chauffeur car cela aurait été un calvaire de conduire ici. On roule à gauche (mais souvent au milieu, voire à droite), on double à droite ou à gauche selon le feeling, on frôle les voitures, camions, vélos, mobylettes, tracteurs, rickshaws, vaches, chameaux, troupeaux divers et piétons. On ne s’énerve pas mais on klaxonne beaucoup avec tout un langage selon l’intensité et la longueur de l’avertissement sonore. Chèvres et moutons se poussent sans demander leur reste mais les vaches sont dures de la feuille. Les accidents sont fréquents : carcasses de voitures au bord de la route ou camions renversés.  

Le ciel se couvre peu à peu et à 10 kilomètres de l’arrivée il se met à tomber des trombes d’eau comme si une main invisible avait tranché à vif dans les nuages prêts à exploser. Nous quittons la « grande route » pour Neemrana. C’est un petit village aux pieds d’une colline avec quelques maisons de guingois et d’autres qui n’ont de maison que le nom (quelques planches avec un toit mais sans façade). Les ruelles se sont transformées en torrents boueux, les enfants en culotte s’amusent sous les gouttières et suivent en criant les morceaux de bois qu’ils jettent dans le courant. Pour atteindre le fort, il faut grimper sur la colline. Le véhicule renâcle un peu mais par chance c’est un 4X4 et il arrive jusqu’au porche d’entrée du fort-hôtel.

Le temps de monter jusqu’à la réception, nous sommes trempés malgré les parapluies que l’on nous a tendus à l’entrée. L’eau dévale le long des escaliers et des rampes d’accès et nous recouvre les chevilles. Heureusement elle est chaude et la sensation n’est pas désagréable. Nous avons une très jolie chambre avec une terrasse dont la vue embrasse le fort et la vallée au-dessous. Dès que la pluie se calme un peu, je descends à la piscine avec les enfants. L’eau est un vrai bouillon et c’est hyper agréable de flotter sans bouger avec en fond les chants des oiseaux et les cris des paons sauvages qui vivent dans la forêt autour du fort. Patrice qui regrette le bain (mais qui n’a pas de maillot) essaie une des chemises achetées cet après-midi et s’aperçoit qu’il s’agit d’un ensemble blanc tunique-pantalon. Il s’habille donc « à l’indienne » pour la soirée pendant que le « reste » de ses vêtements sèche.

La pluie a très légèrement rafraichi l’atmosphère et nous faisons une grande promenade dans le fort avec ses coursives, ses petits escaliers, ses coins et recoins depuis lesquels on découvre des vues plongeantes sur la vallée. Les tamias se poursuivent sur les rebords des fenêtres et le long des terrasses. A côté des paons qui s’époumonent, le fort abrite également des petites perruches vertes qui colonisent les arbres et volent au ras des bâtiments. Le lieu est réellement magique et nous tombons sous le charme. De plus les jardins sont magnifiques et remplis de bougainvillées qui ont l’air de pousser ici comme du chiendent.

A 19 heures on s’offre un petit apéro (avec des glaçons aie aie) devant un spectacle de danses indiennes. Je me fais entraîner sur la piste dans une ronde endiablée puis c’est au tour de Patrice.  Nous observons les geckos locaux (un peu plus clairs que chez nous, avec des yeux jaunes) se régaler des fourmis. Repas sur place. Buffet très correct de plats indiens. Coucher pas trop tardif car la journée a été bien remplie.

Nuit au Fort Neemrana à Neemrana