Jour 15 : Kasese – Bwindi Forest
Le parc Queen Elisabeth est tout en longueur et aujourd’hui nous allons dans la partie la plus au sud, frontalière avec le Congo, qui porte le nom d’Ishasha.
La route traverse de jolis paysages, mais c’est une piste dans un état épouvantable et nous avons l’impression d’avoir été enfermés dans une lessiveuse. Nous voyons arriver la porte d’entrée principale du parc avec plaisir mais Sunday poursuit la route jusqu’à une porte d’entrée secondaire ce qui nous rajoute six bons kilomètres supplémentaires de tape cul ! La porte annexe est ouverte mais il n’y a pas de ranger sur place si bien qu’il faut aller en chercher un dans leur QG au centre du parc !
Dans ce très joli paysage de savane verte avec des bouquets d’acacias et de grands figuiers sycomore, nous croisons de nombreux animaux, élégants topis qui sont de la même famille que les bubales, waterbucks, buffles, phacochères, babouins, singes vervet et divers oiseaux, mais … aucun fauve.
Nous avons beau faire attentivement et systématiquement le tour des figuiers sycomore dont les larges branches sont très appréciées des lions, pas l’ombre d’une crinière : nous sommes tous un peu déçus et en particulier Bernard.
Après un arrêt pique-nique près de la cahute des rangers, nous prenons la route du sud en direction de la forêt impénétrable de Bwindi, notre étape du soir. La fin du parc Queen Elizabeth est marquée par une tranchée profonde, censée décourager les animaux, en particulier les éléphants, d’aller batifoler dans les villages.
Rapidement le paysage change, nous prenons de l’altitude, les pentes des collines sont recouvertes de forêts ou de plantations de thé et de café. La piste est étroite et sinueuse mais plutôt en bon état. Nous traversons des villages coquets avec des maisons en briques entourées de bananiers. La végétation se densifie au fur et à mesure que nous approchons de la Bwindi Forest.
Nous nous installons rapidement dans les jolies « tentes » tout confort du Buhoma Community rest camp situé à l’intérieur du parc national, en pleine forêt. Le cadre est magnifique.
Nous ressortons rapidement avec un guide local pour aller rencontrer le guérisseur du village. Sa maison est un peu à l’écart du village au bout d’un raidillon qui doit facilement décourager les personnes les plus malades. C’est un charmant vieux monsieur qui nous explique quelques rudiments de sa médecine par les plantes. Il parle très bien français et il est à la fois ravi de nous parler dans cette langue qu’il a apprise au Congo et presque étonné que nous le comprenions si bien. Sa pharmacopée est riche puisqu’il cultive près de 200 plantes dans son jardin. On y retrouve de nombreuses plantes qui sont la base de nos médicaments, qu’il administre sous forme de tisanes ou de décoctions (ce qui rend le dosage difficile à estimer).
Après cette très intéressante rencontre, notre guide nous explique la fabrication du jus de banane puis de la bière de banane et de l’alcool de banane. C’est une variété particulière de banane, dite « banane à bière », qui est utilisée pour ces préparations. La banane est écrasée (avec sa peau) et mise à fermenter avec du sorgho pour obtenir de la bière ; pour l’alcool il y a bien sûr distillation. L’explication est suivie d’une dégustation redoutable car les deux premiers breuvages sont assez immondes (du moins à mon goût). Seul l’alcool, qui ressemble un peu à un gin, est correct.
La promenade se termine par une visite aux pygmées locaux, les Batwas. Ces pygmées ont été chassés de la forêt dans laquelle ils vivaient depuis toujours pour motif que leurs pièges destinés aux gazelles pouvaient blesser les gorilles. Ils ont été installés dans la communauté villageoise mais n’ont pas trouvé leur place. Ils vivotent de petits métiers quand ils n’ont pas sombré dans l’alcoolisme. Les autorités locales leur ont laissé un bout de forêt où ils « montrent » aux touristes leur ancien mode de vie. C’est triste de voir un homme mimer la chasse, la pose d’un piège ou la consommation d’une écorce d’arbre équivalente à un viagra naturel, c’est même pénible pour nous (et on imagine également pour lui). La petite communauté finit ses démonstrations par une danse qui éclaire par des sourires les visages des femmes et des enfants. Cette visite m’a personnellement mise assez mal à l’aise et je ne suis pas fâchée lorsque nous quittons ces pauvres gens.
Nuit au Buhoma Community Rest camp