Jour 9 : MIYAJIMA – HIROSHIMA

Le ciel est un peu brumeux ce matin et la météo nous annonce même de la pluie. Dommage car nous allons sur l’île de Miyajima, mais nous n’avons pas le choix. Petit déjeuner-buffet à l’hôtel à 6h30. Il y a surtout des plats japonais, mais également du fromage blanc et des fruits qui sont, pour nous, les bienvenus. Le café est vraiment clair, mais il a le mérite d’exister et je ne vais pas faire la difficile.

Nous partons rapidement à pieds pour la gare, puis prenons un train pour Miyajima-guchi et enfin un ferry pour Miyajima. Il y a beaucoup de trains et autant de ferrys, si bien que nous arrivons sur l’île vers 9h, heure à laquelle il y a encore assez peu de touristes. Depuis le ferry, on aperçoit, un peu dans la brume, le célèbre Otorii Torii vermillon (ou porte d’entrée) du sanctuaire d’Itsukushima. C’est un portique en bois de 16 mètres de haut que l’on peut approcher à marée basse et qui semble flotter sur l’eau à marée haute. Une façon de matérialiser le passage entre monde des vivants et monde des esprits.

Une des premières choses que l’on remarque en débarquant, ce sont les daims en liberté qui promènent un peu partout et qui viennent chercher jusque dans les poches d’éventuelles friandises. On comprend vite pourquoi leurs cornes ont été sciées. En longeant le bord de mer nous suivons un moment le cortège d’un mariage shinto. La mariée est vêtue d’un kimono blanc et d’une coiffe blanche qui lui recouvre presque le visage.

Nous accompagnons les futurs mariés jusqu’aux abords du sanctuaire d’Itsukushima puis nous gagnons la station du téléphérique à deux tronçons qui va nous emmener presque au sommet du mont Misen à 430 m d’altitude. 

Depuis l’arrivée du téléphérique, il reste encore une bonne centaine de mètres de dénivelé (et beaucoup d’escaliers) pour gagner le sommet. Jolies vues sur la mer de Seto et sur la baie d’Hiroshima, aussi bien en montant qu’à partir de la plateforme du sommet. L’ascension finale fait traverser un temple et plusieurs petits sanctuaires « gardés » par des  jizo en pierre coiffés de bonnets de laine, tous différents avec des bouilles plutôt marrantes (les jizo sont des représentations de Jizô Bosatsu, un bouddha qui protège les enfants et les voyageurs).

 Trois chemins de randonnée permettent de redescendre du Mont Misen. Nous choisissons celui qui passe par le temple Daisho-in. Ce chemin est principalement composé de marches d’escaliers très irrégulières et souvent assez hautes. Il y a deux bons kilomètres de descente qui sont un peu usants pour les genoux mais la promenade est très jolie. Plusieurs panneaux mettent en garde contre la présence d’une vipère (Mamushi) donc il est prudent d’avoir des chaussures fermées.

 Le Daisho-in comporte plusieurs bâtiments reliés par des escaliers bordés de moulins à prières. C’est un très beau temple bouddhiste (Shingon) avec des dizaines de bouddhas et des centaines de statues de Rakan (un disciple de bouddha) toutes coiffées d’un petit bonnet de laine coloré.

Arrêt au village dans un troquet sympa à l’écart de la rue principale et de la foule pour se recharger un peu en calories et reposer les jambes. Nous prenons un café accompagné de pâtes aux huitres pour Patrice et d’un gratin d’huitres pour moi (les huitres sont entières et farcies avec un mélange d’herbes). Les deux plats sont très bons car le goût iodé de l’huitre reste bien perceptible malgré la sauce.

Continuation de notre visite de l’île avec le temple Senjo-Kaku aussi appelé « pavillon aux mille tatamis », un immense bâtiment édifié en 1587, tout en bois avec un plafond orné de peintures. Juste à côté se dresse une jolie pagode à 5 étages. Partout les cerisiers sont en fleurs.

 Les petits chiens sont promenés en poussette et pomponnés par leurs maîtres pour être pris en photos

Nous enchaînons par la pagode de Tahoto, plus modeste que la précédente mais cernée par des dizaines de cerisiers. Une jolie promenade permet de relier le site à la route en contrebas et au bord de mer en traversant les arbres fleuris. La foule est très dense dans la rue commerçante qui traverse le village et autour du célèbre Torii, mais dès que l’on s’éloigne un peu de ces deux centres d’attraction, il n’y a quasiment plus personne.

Nous finissons notre journée sur l’île par la visite du sanctuaire d’Itsukushima. Selon la tradition (maintenant bien oubliée) les pèlerins devaient passer sous le torii puis rester dans l’enceinte du sanctuaire d’Itsukushima, afin de ne pas perturber l’équilibre de l’île, consacrée aux dieux. Les galeries rouges qui relient les divers bâtiments sont construites sur pilotis puisqu’il est « sur la mer » à marée haute. Le sanctuaire date de 1168 (il a été par deux fois reconstruit en 1241 et 1571) mais le Torii que l’on voir aujourd’hui est plus récent (1875). L’ensemble est très harmonieux, mais la foule nuit quand même à la visite car il est difficile de laisser le regard courir le long des lanternes sans tomber sur un anorak vert ou un sac à dos mauve…

Retour à Hiroshima par le ferry et le train pratiquement sans attente. Nous arrivons avec un vent d’orage et quelques gouttes de pluie. Pause à l’hôtel avant de ressortir pour manger.

Après les huitres, nous avons décidé de goûter une autre spécialité locale, l’okonomiyaki. Pour cela nous nous rendons à Okonomi-mura, un immeuble où se trouvent une vingtaine d’échoppes proposant cette spécialité. Nous prenons place en compagnie d’autres convives, autour d’une grande plaque chauffante rectangulaire bordée d’un comptoir et nous regardons les cuisiniers préparer avec beaucoup d’habileté cette sorte de crêpe fourrée. Sur la pâte à crêpe, les ingrédients s’empilent selon les desideratas du client (nous avons montré une photo sans trop savoir ce qu’il y aurait dans les nôtres) : chou, nouilles, oignons, œuf, fromage, épices, sauce brune… les variantes ont l’air nombreuses. Le spectacle est très sympathique et le résultat est agréable à manger même si nous sommes vite rassasiés.