Jour 13 : DUNHUANG – GROTTES DE MOGAO – TRAIN POUR TURPAN
Petit déjeuner à 7h pour pouvoir profiter une dernière fois du panorama sur les dunes de Dunhuang avant le départ prévu ce matin à 8 heures. Nous admirons la dextérité des cuisiniers qui fabriquent les nouilles à la demande et transforment en un tour de main un pâton grossier en un écheveau de pâtes prêtes à cuire.
Grottes de Mogao (entrée 260 yuans). Elles représentent l’attraction touristique principale de Dunhuang. Ce matin notre chauffeur Ro est accompagné d’un guide anglophone qui nous explique l’organisation sur place : la visite commence par un film de 30 minutes sur l’histoire de la région, suivi dans une autre salle (hémisphérique cette fois) par un film de 30 minutes sur les grottes. Ensuite il faut prendre un bus pour gagner le site, une quinzaine de kilomètres plus loin.
Nous sommes regroupés avec d’autres étrangers et, comme nous sommes quatre français, nous avons droit à une guide francophone. C’est inattendu mais très bien car notre guide maîtrise parfaitement le français. Les falaises sont truffées de chapelles votives dédiées au Bouddha et à ses disciples. Il y a plus d’un millier de grottes, environ 400 ont des peintures et des sculptures et seules une poignée sont ouvertes à la visite (avec interdiction d’y faire des photos). Les occupations de grottes et les ornementations se sont succédé du VIIème au XII-XIIIème siècle après JC.
Dans certaines grottes, il y a quatre couches de décor superposées. Le financement des peintres était assuré par de riches familles de mécènes ou des groupes de marchands qui souhaitaient remercier Bouddha pour leur bonne fortune sur les routes de la Soie. Les peintures que l’on voit sont pour la plupart d’origine et leurs couleurs (notamment à base de lapis-lazuli) ont bien résisté au temps. Seuls les visages des Bouddhas ont souvent viré au noir à cause de l’oxydation. Les sculptures en argile ont moins bien survécu aux années et elles datent pour la plupart du 20ème siècle. Notre guide nous fait remarquer certaines particularités physiques des bouddhas : ils ont des boutons sur la tête, de grandes oreilles, trois plis sur le cou, 4 phalanges aux doigts et des doigts palmés.
Avec la diminution de fréquentation de la route de la soie due au développement de la route maritime, les grottes ont été peu à peu abandonnées. Elles ont servi d’étable et de prison avant d’être « redécouvertes » au 19ème siècle. Parmi les grottes dans lesquelles nous sommes autorisés à pénétrer, se trouve la numéro 17, célèbre pour avoir abrité une cache contenant plus de 50000 manuscrits et documents précieux. Cette cachette a été découverte par le moine Wang Yuanlu. En 1907, il cède environ 20 000 documents à l’anglais Aurel Stein moyennant finances. L’année suivante le sinologue français Paul Pelliot va convaincre le moine de lui laisser répertorier les documents restants et il en emmènera quelques milliers après avoir également rémunéré le moine. Ces précieux documents sont depuis lors au musée Guimet à Paris et à la Bibliothèque Nationale. Les américains quant à eux ont procédé à des découpes dans les fresques et à des prélèvements de statues et ont emporté le tout à Boston.
Fin de la visite guidée après un coup d’œil à un énorme bouddha de plus de 30 mètres de haut. Intéressant musée qui explique la fabrication des fresques et qui expose quelques beaux objets et statues du Tibet.
Retour à Dunhuang en début d’après-midi et visite du musée d’histoire de la ville (gratuit) qui présente en quelques salles toute l’histoire de la région. Balade dans le centre ville, aux agréables rues très aérées et ombragées. Nous finissons l’après-midi dans un marché couvert. Nous y trouvons un troquet sympa nommé « Lanzhou Sister’s casserole » pour grignoter quelques « nems » chinois bien croustillants. Promenade le long des étals de fruits secs (raisins de toute taille, pistaches, amandes, abricots, jujubes) de thé et de piments. Tout cela sent vraiment bien bon et nous faisons quelques provisions en prévision de notre nuit dans le train.
Départ à 17h30 vers la gare de Liuyuan qui se trouve à plus de 100 kms de Dunhuang ! Nous allons mettre près de 2h30 pour arriver car la route est en construction (et pratiquement absente la moitié du temps). Nous croisons un grand troupeau de chameaux en cours de route (nous n’en avions jamais vu autant à la fois).
Liuyuan est un bled un peu paumé rempli de militaires. Nous enchaînons les contrôles de sécurité et présentons passeports et visa pendant que nos bagages sont fouillés. Notre produit anti moustique n’a pas l’aval de la police. Il est considéré comme produit inflammable et nous devons l’abandonner. Nous avons eu l’impression que le préposé se devait de trouver quelque chose de suspect dans nos sacs. Une fois le spray retiré de nos affaires, la fouille a cessé.
Départ de notre sympathique chauffeur et attente du train pour Turpan dans une salle un peu glauque. Nous avons deux couchettes molles dans le même wagon mais dans des compartiments différents. Je partage le mien avec une famille. Vers 9h du soir le train s’ébranle en direction de l’oasis de Turpan, l’endroit le plus chaud de Chine, situé dans la province du XINJIANG, en terre ouïgoure.
Nuit dans le train en direction de Turpan