Jour 14 : TURPAN
Courte nuit, surtout pour Patrice qui est tombé sur un casse-pieds qui a utilisé son téléphone pour jouer, passer des appels et regarder la télé, sans utiliser d’écouteurs et tout cela jusque très tard dans la nuit. Dans mon compartiment, la porte a été claquée de nombreuses fois et l’une des personnes a également passé beaucoup de temps au téléphone. A 3h50 du matin, la préposée au wagon est venue nous réveiller et nous rendre nos billets et nous avons attendu dans le couloir en regardant défiler les chinois venant cracher dans l’espace entre les deux wagons ou fumer une cigarette. Pas très ragoûtant tout ça au petit matin !
Arrivée à Turpan (ou Tulufan) à 4h30 du matin, heure chinoise. Les ouïgours qui sont ici majoritaires et en conflit avec les chinois, se moquent de l’heure officielle et vivent à l’heure du soleil, il est donc pour eux deux heures plus tôt ! Turpan est une oasis au milieu du désert, située dans une cuvette à 155 mètres au-dessous du niveau de la mer. La ville compte environ 500 000 habitants. On y cultive des légumes, du blé et toutes sortes de fruits, les raisins locaux étant très célèbres. L’irrigation est assurée par un réseau souterrain de karez qui acheminent l’eau depuis les glaciers.
A l’arrivée un chauffeur nous attend et nous le rejoignons après de nouvelles formalités de police. Installés dans la voiture nous somnolons pendant que le chauffeur attend l’ouverture du guichet afin de retirer nos prochains billets de train (pour cela il avait besoin de nos passeports). En fait, nous ne sommes pas arrivés directement à Turpan, mais à la gare de Daheyan, située à 54 kms au nord de Turpan. Il nous faut donc une bonne heure pour arriver à notre hôtel, le Silk road lodge, situé en plein milieu de vignes. Il est environ 7 heures du matin (heure chinoise) et 5 heures pour le personnel que nous tirons du lit. Le gardien dort en plein air, il faut dire qu’il fait déjà 31°C à cette heure matinale ! Les chambres sont toutes occupées donc nous attendons tranquillement dans la cour l’heure du petit déjeuner. Ici on ne parle pas chinois mais ouïgour (même si les enfants sont censés apprendre les deux langues à l’école). Nous abandonnons nos deux pauvres mots de chinois, histoire de ne pas être vexant avec les locaux. Pas de traduction français-ouïgour via le téléphone. Notre chauffeur contacte donc la responsable de l’agence qui gère la région du Xinjiang et nous faisons un petit point par téléphone sur le programme des deux prochains jours.
Petit déjeuner agréable avec des produits maison : brioches fourrées aux légumes, raisins du jardin, divers plats chinois et un melon vert juteux et parfumé qui n’a rien à envier à nos melons de Cavaillon. Départ avec le frère du chauffeur (qui serait lui aussi chauffeur, allez savoir) vers nos promenades de la matinée. Contrôle de police sur la route avec présentation des passeports et des visas dont ils relèvent les numéros. Ce sera le premier d’une longue série puisqu’aujourd’hui nous allons avoir droit à 5 contrôles sur la route et un autre avant chaque entrée sur un site touristique. Autant dire que ce n’est pas la peine de ranger le passeport au fond du sac !
Ruines de Gaochang (ou Kharakhoja), une ville qui fut une cité prospère au VIIème siècle et une ancienne ville de garnison sur la route de la Soie. Elle fût abandonnée au XIVème siècle (certains évoquent un incendie). Il ne reste pas grand-chose mais les vestiges de murs entourés de sable permettent d’imaginer l’ancienne enceinte qui faisait plus de 5 kms. Le fait que nous soyons les seuls sur le site, avec un joueur de rawap (une sorte de guitare avec un très long manche), rajoute au charme de l’endroit. Nous avons pris le billet avec l’option minibus (30 yuans de plus) afin de ne pas être obligés de marcher pendant des kilomètres en plein désert et en pleine chaleur pour gagner le site.
Village ouïgour de Tuyugou (Tuyoq). C’est un village traditionnel installé aux pieds des montagnes de feu. L’architecture en pisé est originale avec des aérations naturelles, de belles portes, des granges percées de trous pour faire sécher le raisin. Quelques maisons sont entretenues, mais la plupart sont en ruines et auraient bien besoin d’un bon coup de restauration. Jolie mosquée blanche et verte.
Achat de raisins secs dans la cour d’une maison. Nous déjeunons sur place dans le restaurant local. Menu ouïgour à 30 yuans avec raisins secs, raisins frais, pastèque, pain maison, nouilles maison aux légumes, petite salade de crudités au piment et riz au ragoût de mouton. Patrice apprécie tout, moi je n’arrive pas à manger le riz qui sent fort le gras de mouton.
Grottes bouddhistes de Bezeklik. Les grottes dominent les gorges de Murtuk-Daria. Elles étaient jadis décorées de peintures murales réalisées entre le IVème et le Xème siècle. Ces fresques ont été très abîmées mais le site est superbe et les montagnes environnantes (le Huoyan Shan) magnifiques.
Une activité prisée par les touristes chinois : faire durcier des oeufs en les enfouissant dans le sable qui est bouillant
Retour à l’hôtel vers 16h. Nous pouvons enfin nous doucher, nous changer et enlever les chaussures. Avec la chaleur étouffante qu’il fait à Turpan (plus de 40°C aujourd’hui) nous avons copieusement bu et transpiré, dans les vêtements que nous portons depuis hier et dans lesquels nous avons dormi ! Vers 18h nous allons visiter une sorte de musée sur le système d’irrigation avec des puits karez qui est propre à l’Asie centrale. Une muséographie bien faite explique le fonctionnement de ce système de galeries souterraines, de canaux et de puits qui permet d’acheminer de l’eau depuis des glaciers situés à des centaines de kilomètres. On longe sur quelques mètres l’un de ces canaux souterrains, jusqu’à sa sortie en surface.
Dîner léger à l’hôtel sur le toit terrasse. Un plat de bœuf pour Patrice, de brocolis pour moi et nous partageons une grosse assiette de fruits. Nous avons même profité du fait que le patron parle un peu anglais pour se faire servir une bière fraiche avant de manger ! La température dépasse toujours les 30 degrés mais la nuit apporte une petite sensation de fraîcheur !
Nuit au Silk road lodge