Jour 16 : Désert de Siloli – San Pedro d’Atacama (Chili)
Lever à 5h30 mais nous sommes réveillés depuis longtemps car la nuit a été assez mauvaise. Il ne fait pas froid dans la chambre, mais le rhume combiné à l’altitude, nous avons eu tendance à nous étouffer sous les couvertures. Santos est déjà dehors en train de changer la roue du 4X4 (elle donnait des signes de faiblesse hier et a visiblement rendu l’âme dans la nuit). Petit déjeuner dans la salle de restaurant où il fait 9°C (l’intérieur des vitres est rempli de glace). Bref, on se caille. Tout est lyophilisé (lait, café), mais il y a des petits pains et le déjeuner est tout à fait correct (surtout quand on pense aux difficultés pour assurer l’approvisionnement ici). Patrice essaie de faire de l’humour en espagnol en demandant si ici le réfrigérateur sert à réchauffer les aliments. Dehors il fait -10°C quand nous levons le camp vers 6h30 avec le lever du soleil. La lumière sur les montagnes est magnifique.
Aujourd’hui nous allons gagner la frontière chilienne en traversant le parc National Eduardo Avaroa
Laguna colorada (4278 m): l’eau est rouge, violette par endroits. Les couleurs sont vraiment étonnantes. Il y a quelques fumerolles et une odeur de soufre car la zone est volcanique et la lagune reçoit des eaux chaudes du sous-sol. Beaucoup de flamands, mais aussi des ouettes des Andes et des canards.
Geisers sol de maňara (5000 m) : impression d’être en bordure d’une gigantesque cocotte minute. Les boues bouillonnent et éclatent en énormes bulles. Très impressionnant.
Au niveau de la laguna Polquès il y a une piscine naturelle avec des eaux chaudes (plus de 30°C) mais nous ne sommes pas assez courageux pour aller nous baigner car dehors il fait franchement frisquet.
Désert de Dali : une impression de jardin japonais géant avec des pierres de formes curieuses posées sur un sable parfaitement lisse et doré. Tout à fait une toile de fond pour un tableau de Dali. On ne serait pas si surpris de voir des montres molles arriver dans le lointain.
Nous nous approchons peu à peu du volcan Licancabur qui culmine à 5950 mètres et qui est installé sur la frontière chili-bolivie. Au pied du volcan nous découvrons deux autres lagunes : la laguna blanca (toute couverte de gel) et la célèbre laguna verde à l’eau vert-émeraude. L’eau est chargée d’arsenic et de plomb ce qui explique sa couleur. Elle est d’ailleurs fort toxique et contrairement aux autres lagunes il n’y a aucun oiseau posé à la surface. Le vent est violent et il fait un froid de canard, mais le paysage est magnifique.
Il fait trop froid pour manger dehors. Nous nous arrêtons dans une cabaňa des gardiens du parc pour manger un morceau. Il y a tellement de vent qu’on a l’impression que le toit va s’envoler!
A midi, nous arrivons comme prévu au poste frontière bolivien. C’est une cahute minable posée au milieu de nulle part, à côté de laquelle stationne une voiture, celle de notre guide chilienne ! Les formalités sont rapides. Nous quittons le sympathique Santos qui repart immédiatement pour Tupiza. Le pauvre a donc devant lui une douzaine d’heures de conduite (c’est malheureusement la coca qui va lui permettre de rester éveillé)
De notre côté, nous partons avec Julie, une jeune française, anthropologue de formation et guide occasionnelle pour remplir un peu sa bourse. Nous retrouvons immédiatement la route goudronnée. Nous croisons quelques lamas sur le bord de la route ainsi que de curieuses petites fleurs rouges (il a plu une journée en juillet ce qui est vraiment exceptionnel et une floraison a suivi). 40 kilomètres plus tard et 2000 mètres plus bas, nous arrivons à l’entrée de San Pedro d’Atacama où nous devons passer le poste frontière chilien. Cette fois c’est une frontière tout ce qu’il y a de plus classique. Alors que nous sortons de la voiture pour présenter nos papiers, nous tombons sur une grande affiche signalant qu’il est formellement interdit d’entrer au Chili avec des graines, de l’alimentaire et plein d’autres choses. Nous n’étions pas du tout au courant, du coup nous ne nous sommes pas débarrassés des quelques feuilles de coca achetées en Bolivie pour le mal de montagne et j’ai mis quelque baies comestibles de faux poivrier au fond de mon sac.
On nous fouille les bagages et nous pensons que nous allons écoper d’une amende mais finalement ils ne trouvent rien et nous passons la frontière sans souci. Je profiterai de la première poubelle pour jeter nos feuilles de coca !
Côté chilien le paysage est tout aussi râpé mais la route est goudronnée
Nous nous installons à l’hôtel poblado Kimal. C’est un ensemble de jolis bungalows en bois entourés d’arbustes. Par rapport à ces derniers jours, le changement est important : il fait nettement plus chaud et il y a un peu de végétation. Découverte de San Pedro : jolie place bordée d’une église toute mignonette avec sa charpente en bois de cactus et sa ribambelle de saints habillés de vêtements de couleur pastel et ombragée par de majestueux faux poivriers. Toutes les maisons sont basses, en adobe, de style traditionnel. Il n’y a pas de goudronnage dans les rues. L’aspect est sympathique, même si le centre du village compte surtout des restaurants, des hôtels, des agences de voyage qui proposent des tours au Chili ou en Bolivie et des vendeurs d’artisanat péruvien et bolivien. C’est naturellement beaucoup plus touristique que là d’où nous venons, mais l’ensemble a quand même pas mal de charme.
Il y a une heure de décalage avec la Bolivie (une heure de plus), nous allons manger vers 21 heures dans un restaurant « bio », Tierra Todo Natural. Très bon saumon pour moi, très bon boeuf pour Patrice. Desserts corrects, et une demi-bouteille de vin. Les prix sont beaucoup plus élevés qu’en Bolivie (50 euros pour deux).
Nuit à L’hôtel Poblado Kimal