Jour 6 : Tanjore – Chettinad
Après un petit déjeuner encore très agréable au bord de la rivière, nous partons en direction du Chettinad, ensemble de villages fondés au début du XIXème siècle par de riches négociants (appelés Chettiars au Tamil Nadu). Après avoir fait fortune à Ceylan et en Birmanie, ils y firent construire de somptueuses demeures.
Sur la route nous croisons aujourd’hui des vendeurs de noix de cajou et nous découvrons des villages où les maisons ont chacune leur grenier à riz en forme de hutte.
Arrêt dans un sanctuaire dédié à Ayyanar, une divinité pré-hindoue dont le véhicule est un cheval. Le chemin menant jusqu’au sanctuaire et à un tamarinier sacré est bordé des deux côtés par une rangée de grands chevaux en céramique qui sont des offrandes destinées au dieu. Etonnantes têtes de chevaux, parfois très expressives. L’endroit est plein de charme d’autant que nous sommes seulement accompagnés par trois gamins du village.
Autre arrêt à la forteresse de Tirumayan qui domine le village du même nom. Il n’y a pas grand-chose à voir mais les remparts posés sur d’énormes rochers sont assez impressionnants et, depuis le sommet, la vue sur la campagne environnante et ses palmiers n’est pas mal du tout. Petit temple aux pieds de la forteresse.
Le soleil tape fort et les femmes sont installées à l’ombre devant leurs maisons. Elles surveillent les légumes et graines mis à sécher car les vaches qui déambulent s’y intéressent d’un peu trop près.
A Athangudi, nous visitons une fabrique de carreaux de sol en ciment coloré. Ces carreaux traditionnels du Chettinad sont très semblables à ceux que l’on fait en Provence.
Déjeuner au village de KANADUKATHAN dans l’hôtel Visalam, une ancienne demeure Chettiar restaurée et transformée en hôtel. On nous installe sur une petite terrasse abritée dominant un joli jardin rempli de bougainvillées. L’endroit est sympa. Nous mangeons un repas végétarien sur une feuille de bananier. Il y a plusieurs petits plats, c’est bon mais moins copieux et un peu plus cher que hier (750 roupies par personne).
Promenade dans le village. Les rues sont en terre battue, bordées d’énormes maisons cossues, certaines en ruines et d’autres restaurées ou en cours de restauration. Sur la place du village il y a le palais du plus puissant Chettiar de la région mais il ne se visite pas. Nous trouvons une maison ouverte avec un gardien qui, moyennant une petite contribution nous fait visiter.
Nous apprendrons un peu plus tard que les maisons sont presque toutes bâties sur le même modèle : une entrée monumentale avec des colonnes ouvrant sur une sorte d’antichambre que l’on traverse pour gagner le cœur de la maison, une cour façon patio avec des colonnes en teck. La partie centrale est à l’air libre mais couverte d’une grille (pour se protéger des voleurs, des singes et des oiseaux). Les minuscules chambres des femmes ouvrent sur cet espace. Viennent ensuite la salle à manger et les cuisines. Les chambres des hommes sont à l’étage. Une autre caractéristique de ces maisons est la variété et la richesse des matériaux employés pour la construction : marbres d’Italie, teck de Birmanie, colonnes tamoules… La part belle est donnée aux pièces de réception car ces maisons étaient très utilisées pour les mariages.
Au village de KARAIKUDI, un peu plus loin, nous visitons une autre maison, cette fois à l’initiative de Sasikumar qui connaît le gardien. Nous promenons à notre guise dans cette immense demeure qui possède de très jolis restes de peintures murales. Les encadrements de porte sont finement décorés, la salle à manger est magnifique avec ses vitraux et son plafond sculpté, les escaliers sont bordés de têtes d’éléphants… Une très jolie visite.
Nous faisons ensuite un tour dans le bazar de la ville et nous entrons dans une boutique après avoir repéré en vitrine une tunique bleue et son pantalon blanc.
Les petites vendeuses n’arrêtent pas de rire et veulent se faire prendre en photo.
Passage par un autre sanctuaire dédié à Ayyanar avec ses jolis chevaux en terre cuite avant de gagner KOTHAMANGALAM et notre hébergement pour la nuit, Saratha Vilas. C’est une jolie maison Chettiar très bien restaurée par deux français. La restauration a parfaitement respecté l’architecture ancienne en intégrant tout le confort moderne. La décoration combine traditionnel et éléments contemporains. C’est joliment fait avec beaucoup de goût.
Nous mangeons sur place sur le principe de la table d’hôtes. Sympathique car la tablée est française et nous pouvons échanger sur nos expériences respectives. Bon repas avec soupe, curry de poulet accompagné de divers légumes et gâteau au chocolat. Fin de soirée très agréable ensemble dans le patio, autour d’un café ou d’une tisane. Quelques anecdotes sur la vie locale et les difficultés de communication avec la population locale. Il semblerait ainsi que pour ne pas perdre la face, les indiens ne disent pas « jamais » mais « demain » ce qui peut agacer quand, par exemple, on attend une commande. Nous avons également évoqué le « dodelinage » de la tête qui est pratiqué par tous mais dont la signification n’est pas évidente du tout.
Nuit à l’hôtel Saratha Vilas