Jour 16 : Cuzco – Puerto Maldonado
Temps magnifique sur Cuzco ce matin. La météo ne nous annonce rien de bien formidable pour Puerto Maldonado, mais nous verrons bien.
Après le petit déjeuner Gladys et le chauffeur viennent nous récupérer pour nous accompagner à l’aéroport de Cusco. Fouille (très sommaire) des bagages et embarquement dans un petit avion de la compagnie Star Pérou pour Puerto Maldonado. Le temps est un peu couvert. On aperçoit quand même les montagnes enneigées avant de découvrir des montagnes recouvertes de végétation dense puis la plaine amazonienne toute verte avec les serpents marrons des rivières boueuses qui coupent la monotonie de la forêt.
Accueil à l’arrivée par un représentant du Corto Maltès lodge. Il nous emmène d’abord jusqu’au bureau local du lodge où nous laissons une partie de nos affaires. Petit tour dans la ville (100 000 habitants) : nous découvrons le Rio Madre de Dios dont les eaux sont basses (c’est la saison sèche), un pont en construction pour la route qui doit relier le Pérou au Brésil en 2011, la plaza de armas avec une sorte de pagode bleue centrale, construite par la communauté japonaise installée ici depuis la deuxième guerre mondiale. Beaucoup de manguiers, de papayers et de cocotiers dans la ville. Il fait plus de 30°C ce qui nous change vraiment de la température de Cuzco et la climatisation dans la voiture est sommaire !
Petit embarcadère en bois où nous embarquons sur une barque à moteur qui nous accompagne en une bonne demi-heure jusqu’au lodge. Les eaux du fleuve sont un peu boueuses et les berges sont occupées par la forêt qui arrive jusqu’au bord et même au delà, l’érosion des berges laissant par endroit les racines des arbres à nu. Au milieu du vert dominant des arbres, les amasia [Erythrina ulei – Erythrina poepigiana] font des taches rouges magnifiques. Sur les berges du fleuve, des groupes de hérons gardeboeufs [Bubulcus ibis] nous regardent passer.
Le repas nous attend. Nous nous installons ensuite dans un joli bungalow en bois : une belle chambre avec deux lits et leurs moustiquaires, une salle de bain attenante et une véranda avec deux hamacs qui nous tendent les bras.
Petit moment de détente et promenade dans le jardin du lodge. Arbres magnifiques : palmiers, manguiers [Mangifera indica], papayers [Carica papaya], caramboliers [Averrhoa carambola] remplis de fruits, jambosiers [syzygium jambos], grands arbres avec de larges feuilles vertes dont les fleurs, jolis pompons chevelus roses, ne sont visibles que sous la frondaison. Il y a aussi de nombreux buissons fleuris et plusieurs représentants de la famille des heliconia avec de très jolies fleurs jaunes et rouges.
Le jardin est également un étape pour les oiseaux qui vivent aux alentours : des oiseaux tout noirs à bec rouge avec une tête particulièrement sympathique à mon goût, les barbacous unicolores [Monasa nigrifrons], des cassiques cul-jaune [Cacicus cela] au cri si particulier (une sorte de glou-glou), des cassiques roussâtres [Psarocolius angustifrons] et des organistes [Euphonia] qui vivent dans les toits des bungalows. Pendant ma promenade, un vol de grosses perruches, probablement des touï de Deville [Brotogeris cyanoptera] se pose sur les arbres du jardin. En plus de tous ces oiseaux sauvages, le lodge compte quelques familiers, libres de promener à leur guise : un amazone à front jaune [Amazona ochracephala] répondant au nom de Lola qui est venue nous observer de près pendant notre installation et a essayé le hamac en même temps que Patrice, des aras bleus et jaunes, des aras rouges et bleus et un toucan de Cuvier.
Vers 15 heures nous partons avec notre guide, Mitchell, pour une première balade en forêt. Pas besoin d’aller très loin pour découvrir un tas de plantes et d’animaux. Au rayon plantes nous admirons de magnifiques et énormes ceibas ou kapokiers [Ceiba pentendra] aux racines impressionnantes, des ficus qui étouffent les palmiers, des arbres métal (chonta) qui font un bruit métallique quand on les frappe, des mashonastes [Clarisia racemosa] (arbre aux racines rouges utilisé pour fabriquer une décoction contraceptive), magnifiques passiflores rouges [Passiflora coccinea], des palmiers qui marchent [Socratea exorrhiza] en fait qui lancent des racines aériennes pour déplacer leur tronc en fonction de la lumière disponible, des noyers d’Amazonie, arbres qui produisent des noix du brésil [Bertholletia excelsa]. Mitchell équipé d’une machette fait tomber du noyer d’Amazonie ce qui ressemble fort à une noix de coco, la coupe à la machette et à l’intérieur nous découvrons une douzaine de noix du Brésil que nous nous empressons de goûter.
Au rayon animaux, nous sommes également servis même s’ils sont un peu difficiles à voir car la forêt est dense et ne laisse guère passer la lumière : nids de termites, d’énormes fourmis noires, des fourmis rouges (à la morsure redoutable) qui colonisent des arbres appelés Tangarawa (le pourtour du tronc est nettoyé, comme balayé, ce qui indique qu’il ne faut surtout pas s’appuyer sur l’arbre en question), un petit lézard noir [Anolis punctatus] qui déplie une poche rouge sous son cou pour nous impressionner, un iguane dont la couleur se confond avec celle de l’arbre sur lequel il est installé, un pic ouentou [Dryocopus lineatus] pic vert à la tête rouge et au plumage zébré de blanc qui s’acharne sur un arbre, des tinamou sui [Crypturellus sui] sortes de pintades, un caracara noir [Daptrius ater] assez différent de son cousin des montagnes, des perroquets, et d’énormes cigales qui font un bruit de scie.
Deux bonnes heures de promenade, un petit break au lodge et vers 19 heures nous repartons, cette fois en bateau à la recherche des caïmans blancs. On les repère assez facilement le long du fleuve avec une lampe électrique car leurs yeux font de petites lueurs oranges dans la nuit. Nous voyons pas mal de caïmans qui plongent dans la rivière à notre approche. On tombe même sur une mère avec ses petits et l’un des hommes du bateau va en chercher un pour nous le faire voir de près avant de le rendre à sa mère.
