Jour 19 : Lodge Corto Maltès et alentours
Réveil comme d’habitude avec le chant des oiseaux et le jour. Nous bouquinons dans les hamacs en attendant le petit déjeuner. Petit tour à la recherche des oiseaux : grands nids de cassiques cul jaune [Cacicus cela] et de cassiques roussâtres [Psarocolius angustifrons] qui pendent aux arbres comme de grandes poches, tangaras évêque [ Thraupis episcopus] avec leur magnifique plumes bleues, tyrans quiquivi [Pitangus lictor] et tyrans sociables [Myiozetetes similis] et un très joli écureuil roux avec une énorme queue en panache.
A 10h30 nous partons avec Mitchell rendre visite à une communauté native d’indiens Maringa. Sur le coup nous sommes un peu mal à l’aise car ce genre de « visite » n’est pas trop notre tasse de thé, mais finalement nous jouons le jeu et c’est plutôt sympa. Nous avons droit aux peintures végétales rouges sur la figure en signe de bienvenue, puis nous « participons » aux danses et chants. Lors de la démonstration d’allumage de feu avec de simples bâtons frottés, une des jeunes filles se fait une ampoule et je lui donne un pansement. Tout ça est un peu ridicule et les plus jeunes renâclent visiblement à participer. Tout va mieux quand nous commençons à jouer à la toupie avec les enfants puis arrive la séance de tir à l’arc.
Il s’agit d’atteindre une papaye installée sur un poteau quelques mètres plus loin. Après quelques tentatives infructueuses, Patrice atteint la papaye en plein milieu ce qui sèche un peu les locaux et amuse beaucoup Mitchell qui n’arrête pas de les chambrer. Piqués au vif les natifs se mettent tous à tirer et un des jeunes gamins lave l’honneur et réussit à plusieurs reprises à atteindre la cible. Nous avons tous bien ri et l’investissement dans le jeu a complètement dissipé l’espèce de malaise du début.
Le chef du village nous fait faire ensuite le tour du propriétaire. Nous repérons l’arbre dont ils extraient le colorant rouge, le rocouyer [Bixa orellana]. C’est un gros arbuste dont les fruits marrons ressemblent un peu à des châtaignes. Ce sont des capsules poilues qui contiennent des graines que l’on écrase pour faire le colorant. Il y a aussi beaucoup de cotonniers couverts de jolies fleurs jaunes [Gossipium barbadens] et du manioc [Manilot esculenta] qui représente la base de leur nourriture. Le tronc est couvert de petites excroissances, les racines sont comestibles. Egalement de nombreux caoutchouc [Hevea brasiliensis]. Pour nous parler un peu de son village, le chef s’installe aux pieds d’un énorme Ficus insipida, arbre sacré de sa communauté, qui fait le lien entre les vivants et les morts, les morts étant enterrés entre ses racines.
Nous repartons ensuite en bateau pour visiter une chacra (domaine). C’est un couple de gens âgés qui s’occupe de l’exploitation. Nous arrivons dans une ferme tout ce qu’il y a de plus classique avec nombreux poulets, poussins, canards, chats, chiens et …perroquets. Les poules se régalent de nids de termites.
Nous faisons le tour de la propriété avec Mitchell qui nous montre les différents végétaux et nous les fait aussi souvent goûter: limettes douces [Citrus limettioides], gros agrume de la taille d’une orange, à la peau lisse, goût entre le citron et le pamplemousse mais plutôt doux, cacao [Theobroma cacao], manioc, ananas, manguiers, goyaviers, arbre à pain [Artocarpus altilis] avec ses énormes feuilles et ses fruits verts et épineux, buissons de café [Coffea arabica] qui portent en même temps fleurs blanches et fruits, bananes plantain [Musa acuminata], grenadilles [Passiflora eduleis] fruits de la passion jaune à l’intérieur plus foncé, très doux et parfumés. Parmi les fruits « curieux » il y a les pépinos [Solanum muricatum] fruit jaune avec des traces mauves à l’intérieur et les énormes gousses vertes d’inga que Mitchell va nous chercher dans les arbres. La gousse est très semblable à celle d’un haricot géant avec à l’intérieur des pois blancs duveteux qui se mangent (même s’il y a un énorme noyau marron à l’intérieur). Averse orageuse que nous laissons passer installés sous le toit du grenier familial.
Retour au lodge. Petit bain dans la piscine puis nous passons un moment avec les perroquets, notamment Lola qui répond à son nom, vole partout et vient se poser sur mon bras pour déguster un biscuit au chocolat. Dernier coucher de soleil en Amazonie. Nous en profitons assis sur les marches de l’embarcadère. Achat d’un joli masque indien en balsa ainsi que de maracas à la petite boutique du lodge. Encore un bon cocktail avant le repas, histoire de bien profiter de notre dernière soirée ici.
On ne se lasse pas des couchers de soleil sur le rio madre de dios
Nuit au lodge Corto Maltès